mercredi, février 13, 2013

From a Basement in Seattle: The Poster Art of Brad Klausen (2011)



From a Basement in Seattle: The Poster Art of Brad Klausen (2011)

Pearl Jam, Soundgarden mais aussi Built to Spill ou Queens of the Stone Age, Brad Klausen a travaillé pour les plus grands. Ce n'est pas un hasard s'il est considéré comme l'illustrateur officiel des posters du groupe d'Eddie Vedder (qui rédige l'intro du bouquin, Jeff Ament s'occupant de l'avant propos). Cet épais volume grand format, qui met superbement en valeur les affiches de l'artiste, est la première rétrospective de son oeuvre immense, passant en revue, chronologiquement 75 de ses plus beaux travaux.




Outre la qualité des affiches proposées, le grand intérêt du présent ouvrage est de présenter sur chaque page de gauche les croquis préparatoires (crayonnés, encrages et tests de couleurs), accompagnés d'un petit texte resituant le poster dans son contexte. Sur la page de droite, on trouve la reproduction de l'affiche définitive, ce qui permet de se rendre compte que, dès le premier coup de crayon, Brad Klausen a déjà une idée très précise du résultat auquel il compte arriver.







C'est définitivement l'un des plus beaux livres sur le sujet, indispensable à tous les fans de Pearl Jam, les amateurs d'affiches et, plus généralement encore, à tout amateur d'art tant le trait et les couleurs de Brad Klausen sont uniques et superbement maitrisés.

mercredi, février 06, 2013

Jay Ryan - 100 Posters 134 Squirrels: A Decade of Hot Dogs, Large Mammals, and Independent Rock: The Posters of Jay Ryan 100 Posters 134 Squirrels: A Decade of Hot Dogs, Large Mammals, and Independent Rock: The Posters of Jay Ryan (2011)

100 Posters 134 Squirrels: A Decade of Hot Dogs, Large Mammals, and Independent Rock: The Posters of Jay Ryan (2011)

Au milieu des Hot Rods, des crânes et des pin-ups diaboliques, Jay Ryan fait figure d'OVNI dans le petit monde du poster rock. Avec son trait à la limite de l'illustration jeunesse, ses animaux plus expressif que nature (on pense parfois à un Disney épuré)et son lettrage artisanal, voilà un artiste que l'on reconnait au premier coup d'oeil, justifiant, si besoin était, qu'il trouve aujourd'hui tout naturellement sa place au panthéon des graphistes rock contemporains.






Des Breeders à TV on the Radio, des Supersuckers aux Flaming Lips, de Shellac à Mission of Burma, c'est toute une histoire de la scène US indépendante qui défile sous le crayon de Jay Ryan avec des posters illustrés, de façon quasi permanente, en complet décalage avec la musque pratiquée par les groupes, tout l'art de Ryan consistant à rendre l'ensemble cohérent, évident au premier coup d'oeil, bref, unique.







Superbement illustré, on s'en doute, enrichi de témoignages aussi admiratifs qu'enthousiastes d'Art Chantry ou Steve Albini (entre autre), ainsi que d'une très longue interview de l'artiste lui même, voilà la porte d'entrée idéale pour découvrir l'oeuvre d'un des artistes les plus originaux de cette scène.

Un plaisir de gamin gribouillant !


Phil Cushway - Art of the Dead (2012)

Phil Cushway - Art of the Dead (2012)

Dans le petit monde des livres dédiés aux posters rock, il est de coutume d'attaquer le sujet par dessinateur et il n'existe, finalement, que très peu de livres consacrés à l'art développé autour d'un groupe. Pourtant, c'est avant tout pour faire la promotion de ces groupes, et de leurs concerts, que cet art si particulier a vu le jour dans les 60s. Art of the Dead est l'exception qui confirme la règle et avec brio ! En effet, qui d'autre que le Dead peut se targuer d'une telle longévité, qui d'autre que lui aura porté les espoirs et les aspirations de toute une jeunesse. Qui d'autre aura livré, sans relâche, des shows toujours aussi habités et dépaysants au cours des décennies ? Figure incontournable de la contre culture US, ils en sont l'âme et l'inspiration, comme en témoigne ce livre magnifique, évidemment non traduit en français..





L'auteur a travaillé avec les légendes: Griffin, Moscoso, Wilson, Mouse et Kelley, mais aussi avec les icônes des 90s dans le domaine: Kozik, Arminski, Forbes ou Coop, c'est dire s'il maitrise son sujet sur le bout des doigts. Quand il rappelle, dans la préface, que le livre est avant tout un hommage aux artistes et à leur art, c'est pour mieux rappeler que le Dead sert de prétexte à la finalité réelle du livre; faire connaître, partager et porter à la postérité les 140 posters qu'il a sélectionné et leurs auteurs. A noter, au passage, le formidable travail de reproduction, tant par la taille que par la qualité, permettant ainsi d'appréhender pleinement les détails et les styles.



"Griffins, Mouse et Moscoso ne sont pas seulement les rejetons de Toulouse Lautrec, Mucha et Chéret, mais tout autant leurs pairs", voilà ce que ce livre sublime, idéalement commenté par Greil Marcus, Steven Heller ou Mickey Hart, démontre brillament, si besoin en était encore.



Un livre pour les passionnés du Dead, du Rock, de l'affiche mais, plus encore, pour les passionnés d'art tout court.


lundi, janvier 28, 2013

Nick Kent - Apathy for The Devil (2012)



Nick Kent - Apathy for The Devil (2012)

(Petit) frère british de Lester Bangs, Nick Kent, monument incontournable de la "rock critic", se livre pour la première fois à l'exercice de l'autobiographie et décide de commencer sa vie à 12 ans, âge auquel il rencontre pour la première fois d'une très longue série, les Stones. De Marc Bolan aux New York Dolls, des Sex Pistols à Bowie, de Led Zeppelin à Iggy Pop, en passant par Syd Barrett, les Clash et nombre d'autres, il aura côtoyé tout au long des 70s tout le gratin du rock, partageant même longuement la vie de Chrissie Hynde alors encore inconnue.




Sa plume, immédiatement reconnaissable, il la mettra au service du légendaire New Musical Express (NME), après l'avoir trempée dans la même encre que Truman Capote, Tom Wolfe et quelques autres tout aussi "gonzos". Son esprit, sans cesse au cours de cette décennie, il choisira de le noyer sous un déluge de poudre, d'amphétamines, de speed, d’héroïne et d'à peu près tout ce qui pourra le stimuler, le calmer, le réveiller bref l'égarer. Dès les premières pages, tout à fait conscient de l'état dans lequel il a traversé la période, Nick Kent nous met en garde contre le caractère tout à fait subjectif et aléatoire de la mémoire, rappelant cette vieille blague attribuée par la légende populaire à Keith Richards, selon laquelle "ceux qui peuvent se souvenir des 70s, c'est qu'ils ne les ont pas vécues".

Nick Kent lui les a vécues, et du cœur de la bête même, dans les loges des Stones, en virée anglaise avec les Stooges d'Iggy, en repet avec les Pistols, partageant son speed avec Hawkwind, hébergeant Sid Vicious (qui en prend largement pour son grade dans l'ouvrage) et finissant, comme bien d'autres à la même époque, sous méthadone. "L'essence des seventies s'est produite sur 6 ans, de la naissance de Ziggy Stardust a la mort des Sex Pistols" analyse t'il dès l'entame du dernier chapitre (78/79), le seul de l'ouvrage qui ne soit pas consacré à une année complète. De fait,  de son ascension fulgurante, le hissant au rang de figure de proue du NME, à sa chute, prévisible, il ne se sera guère passé beaucoup plus de temps et c'est cela que Kent raconte aussi, la longue descente aux enfers d'un camé au dernier degré, de sa plume inimitable, mélange de lucidité, d'humour, de panache et, finalement, d'une élégance toute british

Nick Kent nous laisse sur une promesse: celle de raconter "ses" 80s, commencées bien tardivement, quand il se décida finalement à reprendre la plume après une traversée du désert (musical), (ré) enflammé qu'il fut par la découverte des Smiths. C'est dire si ses facultés de défricheur étaient alors mal en point ;)

Nick Tosches - Réserve ta dernière danse pour Satan (2012)


Nick Tosches - Réserve ta dernière danse pour Satan (2012)
 

Pour une raison qui m'échappe quelque peu, je trouve les précédents commentateurs d'Amazon assez durs avec ce livre, et en particulier concernant le travail, tout à fait honorable de la traductrice Hélène Frappat. En effet, en version originale, la plume de Nick Tosches est sans doute ce qui se fait de mieux en matière de littérature rock. Moins folle que Lester Bangs, moi auto-centrée que Nick Kent et tant d'autres aujourd'hui, il s'agit avant tout de la plume d'un esthète, d'un passionné passionnant, d'un véritable amateur éclairé qui sait aller bien au delà de la simple musique.

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Avec ce court texte, initialement paru dans le New Yorker, et quelque peu augmenté dans cet édition, c'est sur les tout débuts du rock, en pleine 50s US, que l'auteur choisi de nous emmener, mais oubliez Elvis et les autres stars du moment car, comme à son habitude depuis Héros oubliés du rock'n'roll, c'est à l'envers du décor que s’intéresse l'auteur. A tous ceux qui se sont fait rouler dans la farine par les producteurs mafiosos, ceux qui chantent sur les disques mais ne sont crédités nul part, ceux qui n'ont jamais reçu un centime des dizaines de titres qu'ils ont pourtant écrit. Bref, une histoire parallèle des débuts du rock pas tout à fait tutti frutti !

128 pages passionnantes écrites sur un train d'enfer... un régal de connaisseur !

En vente ici: