vendredi, décembre 30, 2005

Chapitre 1: Panama Ciudad


Chapitre 1: Bruyant, pollué, chaud et sale.... Panama Ciudad

(Panama City pour les financiers... je sais qu'il y en a mais ils feraient mieux de surveiller le cours de leurs actions plutôt que de surfer ici...site de bien maigre intérêt en matière d'informations spéculatives...)

D’après la feuille de route remise par l’agence de voyage, le trajet était assez simple et il n’y avait absolument aucune raison que les brillants pilotes à qui nous allions confier nos vies pendant quelques heures se trompent de destination. En effet, la première partie du voyage, a savoir Paris – Miami, se déroula sans problème et quelques quatre heures plus tard nous embarquions pour notre destination finale : Panama Ciudad.

C’est en survolant la ville (de nuit... c'est beau une ville... ouais Richard vous en a déja parlé) qu’un doute nous étreint….même si le chauffeur de taxis parle un espagnol impeccable, enfin, impeccable pour moi dans la mesure ou je comprend un mot sur 10, le trajet de l’aéroport à l’hôtel ne fera qu’amplifier nos doutes : toutes ces tours de verres, ces grattes ciels, ces publicités géantes posées là en bord de mer… n’y aurait il pas erreur sur la destination…ou alors le Panama ressemble étrangement à Manhattan ??

La température fini de nous rassurer… il serait en effet étonnant qu’en plein mois d’octobre on trouve une telle chaleur moite en pleine nuit en plein New York…non, non, malgré les apparences nous sommes bel et bien arrivé au Panama. D’ailleurs au fur et a mesure que le taxis glisse dans la ville, l’architecture change : une vaste zone pavillonnaire succède aux buildings, puis de petits immeubles de plus en plus vétustes : les rues deviennent elles aussi de plus en plus sales et nous arrivons finalement dans le casco viejo : le plus vieux quartier de Panama Ciudad ou le premier hôtel du voyage devrait, selon toute vraisemblance nous attendre …

Effectivement, il nous attend et comme nous aurons l occasion de le constater des le lendemain, il est à l’image du quartier : superbe en façade : style colonial, murs colorés, balcons et patios… franchement il a de la gueule. La chambre quant à elle a un petit coté « envers du décors »… enfin, après une journée d’avion c’est fourbu que nous testons le lit… douteux.

En fait de décalage horaire, c’est plutôt le décalage de mode de vie que nous ressentirons dès le lendemain… 5h30 !! Klaxons, cris, hurlements, radio déversant son flot de reggaeton a plein volume ont eu raison du ronronnement de l’étrange appareil censé servir de clim’… censé j’ai dit, parcequ’à part faire du bruit, j’avoue que nous sommes restés assez dubitatif quant à son efficacité.

Curieux de voir aussi rapidement que possible les îles San Blas, vantées par Antoine (le chanteur qui a promis à sa mère de se faire couper les cheveux… dans 20 ans si elle veut, et qui n’a apparemment pas tenu parole), vantées par Antoine donc, comme l’un des derniers paradis terrestre, nous ne resterons que 3 jours à Panama Ciudad…et encore, à contre cœur, mais les petits avions 4 places qui desservent l’archipel sont vite pleins et nous devons donc attendre notre tour !!

Ce laps de temps nous permettra de visiter le Casco Viejo, de rencontrer des réfugiés haïtiens fuyant leur pays non pour échapper au régime politique local mais…oh surprise…pour échapper à l’US Army qui leur a promis un petit voyage a Guantanamo sous le sombre prétexte qu’ils ne sont pas tout à fait d’accord avec le nouveau régime mis en place par le gendarme mondial…

Amusant et instructif cette rencontre au milieu des bâtiments coloniaux en cours de rénovation, des bus colorés, du marché aux poissons, des édifices religieux au clinquant tout latino, de la bruyante et commerçante avenida central où de la paire de tong à la hifi dernier cri tout est made in China… au milieu de la « gente » multicolore, la rainbow nation chère à Nelson Mandela trouve sa meilleure illustration au Panama :
Indiens indigènes, descendants d’esclaves noirs importés pour les plantations de bananes ou de cacao, plus tard pour la construction du fameux canal, blancs pur jus qui n’y sont pas pour rien dans l’édification du dit canal, ni dans l’importation des esclaves sus cité et, à chaque coin de rue, des « chinos ». C’est difficile de les louper les « chinos », comme partout ailleurs dans le monde, ils tiennent le commerce : t’as soif ? faim ? besoin d’un T-shirt de secours ? d’un anti-dhiaréique ? d’un paquet de clope ? de 100 balles ou d’un Mars ? … une seule adresse : « El Chino »… pas besoin de plus d’explications, de plus de détails ou d’une adresse : il y en a partout !!

Evidemment tout ce monde joyeux et coloré n’est pas de tout repos, d’autant plus que, même noyé dans l’arc en ciel humain de la rue, on ne passe pas tout à fait inaperçu et, par la même, notre statut de portefeuille ambulant nous vaut toutes les sollicitations… pour retrouver un peu de calme (on est en vacances merd** !!!) l’ascension du Cerro Ancon semble un bon moyen d’échapper au brouhaha. Cette colline domine toute la ville, ou plutôt toute la baie : à gauche, le quartier d’affaire et ses tours de verre ; à droite, le casco viejo et plus loin encore Chorillo (malgré 2 ou 3 tentatives d’intrusions pendant ces 3 jours nous serons inévitablement mis en garde dès notre approche du quartier « no te mete por aqui »… apparemment ça craint !!)…et puis, plus haut vers la droite, c’est le Canal…la baie s’ouvre sur le Pacifique, 80km de jungle plus loin, c’est l’Atlantique…

Bien entendu nous ne quitterons pas la ville sans avoir été jeter un coup d’œil aux écluses de Miraflores. Technicien ou pas, ethnologue, surfer, businessman, fuyard, ornithologue, touriste ou rock star en goguette, quelle que soit votre statut et la raison de votre passage dans le pays, on ne peut qu’être impressionné devant l’ouvrage…on fait coucou aux bateaux chinois, l’équipage nous répond, hilare…les salauds !!! ils viennent de se faire quelques heures de traversée au milieu de la jungle…tranquille, le linge sèche aux hublots, les containers énormes semblent déborder de tout coté…quand on sait que le prix du passage se fait en fonction du tonnage on se dit que le Panama (qui a récupéré la propriété et la gestion du Canal en… 2001 ??? à vérifier) a encore de beaux jours devant lui. Dans les années 30, il y a bien un solide gaillard qui le traversa en 15 jours à la nage…on imagine bien le fier moustachu, dans son 1 pièce à bretelle rayé, canotier sur la tête s’acquitter des 36 cents de péage que lui imposaient ses 75kg !!
L’avion décolle le lendemain matin à 5h…. alors je passerai rapidement sur le parc métropolitain qui nous permettra de nous faire une idée de la jungle qui nous attend tout au long du séjour, même si niveau animaux, c’est plutôt la grande déception, je passerai sur le Causeway : long boulevard construit sur la mer reliant 2 grandes îles entre elles et au continent : restos branchés, bars et vue imprenable sur la ville, la ballade vaut vraiment le coup… le paradis nous attend !!

jeudi, décembre 29, 2005

Chapitre 2: San Blas: El Porvenir

Chapitre 2: Eau turquoise, plage de sable fin, cocotiers et douceur de vivre... El Porvenir: Archipel de San Blas

Alors ami lecteur ? remis du chapitre précédent ? ouais bah moi aussi ça m’a usé… il est 4h30 du mat’, faut faire les sacs, je suis crevé et il va falloir se trouver un taco vite fait sinon on ne sera jamais à l’heure à l’aéroport…quant au pti dej…les patacones (bananes frites) d’hier soir me sont resté sur le bide alors on va faire sans pour l’instant…

« Cuanto es para el aeropuerto ? » vous en conviendrez, et encore vous n’avez pas l’accent, mon espagnol est au poil !! Pourtant je ne sais pas pourquoi, mais j’ai comme l’impression que le chauffeur me prend pour un gros touriste malgré les apparences ; du coup il pratique le tarif…touriste…


Pas le temps de discuter de toutes façons, trop crevé et trop à la bourre pour ce genre de broutilles. Finalement, on arrivera avec pas mal d’avance ayant ainsi largement le temps d’admirer les costumes des indiennes kunas (le peuple des îles San Blas). A l’aéroport, comme partout ailleurs dans le pays, les jeunes bébés sont tous coiffés d’un petit bonnet fort saillant. Evidemment les couleurs des Chicago Bulls, du Real Madrid ou le logo de Sepultura ça ne fait pas très « kuna » mais il sont marrant avec leurs bouilles toutes rondes et leurs yeux bridés. Bizarrement il y a quand même pas mal de monde dans l’aéroport et je commence à douter fortement que l’on tienne tous dans le petit 4 places qui nous attend.

Quelques longues minutes d’attente plus tard, la vérité éclate : l’archipel des îles San Blas compte 365 îles (selon la légende ; la CIA, bien décidée à casser le mythe, en dénombre du haut de ses satellites 378… c’est dommage, c’était marrant de penser qu’il y avait une île par jour…j’en resterai donc, pour ma part, à la version kuna des choses reprise par ailleurs par Antoine…). 365 îles donc et presqu’autant de destinations potentielles…d’où l’affluence…

Finalement notre tour arrive, on salue le capitaine (en fait avant même d’entrer dans l’avion, on l’a reconnu sur le tarmac : une belle moustache ça vous pose un capitaine bien plus qu’une casquette galonnée) on salue nos 2 co-passagers a priori aussi réveillés que nous…c’est parti !!!!

En dessous on aperçoit le quartier résidentiel de Calidonia, puis la baie, puis le canal, la forêt, la jungle… puis les nuages, re-la jungle (là si on se plante je me demande qui viendra nous chercher au milieu de cette végétation aussi luxuriante qu’hostile), un bout de canal à droite et enfin…la mer…le spectacle est « de toute beauté » : levé de soleil sur l’Atlantique…quelques instants plus tard on commence a perdre de l’altitude…tout le monde a bord semble s’en moquer éperdument, en fait, tout le monde dort ! on finit par se poser…

On est où ? on est arrivé ?? bah non, je crois qu’on est encore sur le continent !? Renseignements pris, on fait juste une dernière escale sur le continent histoire de déposer le co-pilote kuna, les bras pleins de provisions, qui rentre de la ville pour retrouver sa petite famille. Dans la lumière naissante du petit matin, nous voilà posés sur un bout de piste ridiculement court, en plein milieu de la jungle…au bout du monde. Il fait bon…l’air est tiède, la forêt alentour résonne des premiers chants d’oiseaux, les kunas se réjouissent de leurs retrouvailles…mais déjà on re-décolle…

Cette fois, quelques centaines (dizaines ??? j’ai une notion des distances assez floue, surtout à la verticale) de mètres plus bas, c’est tout un chapelet d’îles que l’on aperçoit, toutes bordées de superbes dégradés bleu-turquoises au milieu desquels elles ressemblent à de petites tâches ivoires semées de quelques grappes de verdure.

Ca y est ! Cette fois on est vraiment en vacances…au paradis, c’est certain, il n’y a qu’à se pencher par la fenêtre de l’avion pour s’en assurer !! Alors on s’amuse à deviner sur laquelle on va se poser…

Celle là ? t’es folle elle est beaucoup trop petite, alors celle là ? meuhhh non, on n’aura jamais la place…houla…mais il est con ou quoi le pilote ? on est vachement bas !!! hein ?? il va pas se poser là ??? elle est où la piste ???!!!! ohhh putain !! on n’aura jamais la place d’atterrir la dessus !! bah si…euh…nan nan…chacun retient son souffle…on est posé..c’est déjà ça mais si on continue à rouler à cette vitesse là on est bon pour un bain matinal…alors défilent dans la tête tous ces films de la guerre de Corée où de petits coucous américains arrivent à pleine vitesse sur leur porte avion et, sur leur lancée, finissent leur course à la flotte après avoir traversé toute la piste du navire…

Mais non ! ce ne sera pas pour cette fois, quel as ce pilote, on se regarde, on sourit bêtement…on y est ! T’as eu peur toi ? meuuuuh nan, c’était pour te faire flipper !! ouais ouais… Va falloir que tu bosses ton bronzage toi parce que t’es un peu blanc ;)


« Un petit poisson, un petit oiseau s’aimaient d’amour tendre… »…assis sur un palmier couché (l’inverse serait bien plus compliqué), sans doute la conséquence d’une tempête passée, je sifflote. Quelle bonne idée d’avoir pensé à amener les lunettes de piscine, c’est l’outil peu encombrant et indispensable pour observer ces fameux petits poissons qui peuplent par centaines les récifs coralliens qui bordent l’île où nous avons finalement décidé de nous poser. Némo, tout mimi qu’il soit, fait difficilement le poids avec son morne orange, noir et blanc, alors que paradent ses congénères bleus électriques et jaune fluos, rouges criard et mauve, là encore toutes les couleurs se côtoient.

C’est un peu le seul point commun entre Isla del Perro et l’Avenida Central, parce que sinon le seul bruit que l’on entend ce sont les vagues qui viennent tranquillement s’échouer sur le sable blanc rendu éblouissant par le soleil, ou le vent qui vient taquiner le cime des cocotiers. Pour ce qui est de la densité de population, là encore on est trèèès loin de l’agitation de la capitale : en fait on est seuls sur l’île… évidemment elle n’est pas très grande et on en fait le tour complet en moins de 2 minutes alors, pour faire durer le plaisir, c’est à la nage que nous décidons de l’explorer…puis, tout émoustillés par la température incroyablement parfaite de l’eau, nous poussons le vice jusqu’à partir à l’assaut de celle d’en face.

La traversée se fera au milieu des poissons sus cités et nous poserons le pied, tels des Robinsons des temps modernes, sur ce que nous croyons encore être une île déserte. Les lunettes dans une main, l’autre dans la poche du maillot, un œil vers le haut des arbres (une noix de coco est si vite tombée…) nous foulons courageusement une nouvelle plage idyllique pour nous enfoncer dans une forêt de palmier…comme çà, ça n’a l air de rien, mais c’est magnifique. Nous débouchons finalement de l’autre coté de l’île pour découvrir une hutte en palme (de palmier, ça parait logique) dans laquelle vit une petite famille de pécheurs kunas… il est une heure de l’aprem… 20 heures en France…une pensée émue pour nos compatriotes qui, engoncés dans leurs tailleurs-costard-cravate quittent leurs tours pour aller s’enfoncer dans la chaleur moite du métro…allez encore 20 ans et je pourrais rembourser mon emprunt…quelle allégresse…Je plains ce pécheur sous développé condamné à une vie misérable, sa barque taillée dans un tronc de cocotier, une petit moteur, un short, son 15m2 sous les palmes avec un vis-à-vis monstrueux sur…l’île d’en face.

Pourvu qu’un jour une âme charitable, sûre de son bon droit et de sa bonne parole, viennent lui imposer son GSM 3G, son ADSL haut débit, sa parabole, qu’il puisse enfin sortir de sa « misère »…que quelqu’un l’aide bon sang notre petit pécheur kuna !!!!! Il a l’air tellement malheureux coupé du monde qu’il est !!! Sa peau est noircie par le soleil et l’eau salée, il passe ses journées à se faire fouetter sans pitié par les embruns tièdes, il rit tellement qu’il ne se rend même pas compte que son sourire n’est pas Ultra Brite…et sa petite famille rit avec lui…ils ont l’air de s’en foutre, ils sont contents de nous voir…demain peut être d’autres touristes oseront rejoindre les 2 îles à la nage, ils les accueilleront sans doute avec le même sourire…mais, je suis persuadé au fond de moi, que pour rien au monde ils ne les suivront…le haut débit mobile attendra…la cuisine équipée aussi…

Nous passerons 4 jours ainsi, à nous faire balader d’îles en îles sur la petite pirogue à moteur de Dioni, notre guide kuna. Si le paradis existe vraiment, je connais un vieux barbu, assis sur son nuage, qui a du soucis à se faire pour me convaincre qu’il existe quelque chose de plus beau, de plus paisible, de plus…humain finalement que ces petites îles du bout du monde.

Et là vous me dîtes…. « il reste un cratère »….euh non, j’m’emelle…çà n’a rien à voir avec le sujet qui nous intéresse. Donc, là vous dîtes… « ouais c’est bien sympa tes ptites îles pleines de noix de cocos, de poissons multicolores, de soleil et de brise marine mais…on s’y ferait pas un peu chier des fois??? »…Parfois !!! « des fois » c’est pas français !! Et non on ne s’y fait pas chier du tout…quand on en a marre des îles désertes à la robinson, on peut aller faire un tour à la mégapole du coin : une dizaine de huttes en palme, quelques barques de pécheur, une épicerie qui vend de tout…du pétrole aux tomates, de l’aspirine aux langoustes…c’est la seule boutique du coin, alors les petits kunas s’y retrouvent et iront même jusqu’à nous emmener d’un coup de barque sur une colline du continent qu’on puisse admirer de haut tous ces îlots verdoyants sur lesquels la nuit tombe peu à peu…

Palmier..ciel noir- bleu marine-rose, palmier...ciel rose-bleu roi, palmier…ciel bleu-rosatre..palmier…vers 4h30 / 6h…la fourchette est large mais confortablement installé dans nos hamacs, bercés par le bruit des vagues et la nature qui s’éveille, nous attendons tranquillement la barque qui nous amènera jusqu’au continent. Un petit tour par la douane, eh oui ! El Porvenir sert de douane pour les navires en provenance ou en partance pour la Colombie…tout est en règle, même si on quitte les kunas, on ne sort pas du pays, ce sera donc une simple formalité.

Finalement ce sera une barque de pécheurs qui nous accueillera, dernier contact avec la comarca kuna yala, pour 3 heures de traversée direction Miramar, l’occasion de profiter du levé du soleil sur l’océan atlantique tout en longeant la cote toujours aussi verte…passage dans les mangroves, rencontre avec les dauphins…matinaux les dauphins ! Pas autant que nos 3 marins kunas qui nous font partager leur petit déjeuner à base de sandwich au paté…après 4 jours de poisson, quelques heures de hamac et en pleine traversée maritime, c’est un peu rock n’roll le paté au petit dej’ ! Louloute préfère dormir encore un peu, elle manquera les dauphins…mais ne coupera pas aux victuailles.
Et voila...adios los kunas…les visages noirs succèdent aux indiens, la végétation devient plus luxuriante, l’accent plus chantant mais toujours la même gentillesse chez les continentaux descendants d’esclaves. Nous avons une petite heure à perdre en attendant le(s) bus qui nous permettront de rejoindre Colon (2ième ville du pays) et décidons donc de gravir la colline la plus proche, histoire de profiter une dernière fois de la vue sur l’océan. L’opération s’annonce plus difficile que prévue…vous avez déjà essayé de patauger dans la terre rouge en tongs et en montée après vous être levé aux aurores ?, plus difficile que prévue mais elle en vaut vraiment la peine. Entre les palmiers et les bananiers, l’océan, luisant sous le soleil naissant, s’étend à perte de vue…Végétation verdoyante, terre rouge et mer argentée...un grand bol d’air pour bien commencer une longue journée.

Le plan est des plus simple : bus jusqu’à Colon ou, selon toute vraisemblance, on devrait pouvoir trouver un train qui en moins d’une heure au cœur de la jungle devrait nous permettre de rejoindre Panama Ciudad. De bus, nous aurons notre dose : pas moins de 3 pour atteindre la grande ville : du minibus bondé avançant cahin-cahotant sur les pistes récemment détrempées, au gros bus américain sans âge, peint, chromé et astiqué jusqu’à plus soif. Le principe est universel sur le continent : si t’as la place de te retourner pour faire remarquer à ton voisin que là vraiment il n’y a plus de place, c’est que justement il en reste…de la place ! Note pour le prochain voyage : penser à faire raccourcir mes jambes. Nous nous arrêtons pour déjeuner à PortoBello, ancienne place forte des espagnols en bord de mer…premières et dernières ruines du voyage (enfin…je passe sur l’état de certains bus ou de certaines chambres d’hôtel qui valent le détour au rayon ruine). Rassurez vous, je ne vous referai pas le couplet sur le soleil brillant de miles feux sur l’océan blah blah blah, vous aurez compris…c’est magnifique !

De bus donc, nous eûmes, mais point de train ! On est dimanche et le Transpanaméen est en congés. Heureusement pour nous la gare routière est à 2 pas et nous n’aurons donc pas à retraverser la ville pouilleuse de Colon…Panama Ciudad nous avait paru sale et bruyante mais ce n’était rien comparé à ici…ça fait bizarre de retrouver les affres de la civilisation après quelques jours passés au paradis.

Il est 19 heures, nous arrivons enfin…bateau, bus, bus…bus…tout ça pour revenir au point de départ ? …et si on embarquait dès ce soir pour le chapitre 3 ? on gagnera une demi journée…

dimanche, décembre 25, 2005

Chapitre 3: El Valle de Anton

Chapitre 3: Volcan, Forêt tropicale humide et...pluie: El Valle de Anton

« Ohhh tu vas pas pinailler pour 2 dollars..oui mais dans le guide ils disaient que..de toutes façons elle est nulle cette piaule !! », évidemment passer en une journée du ciel bleu, de la brise maritime dans les palmiers, passer du paradis quoi, au cratère humide d’un volcan, ça fait un peu bizarre et ça tape quelque peu sur les nerfs.

Heureusement la douceur de vivre de l’endroit, le calme et la tranquillité, le charme des confortables maisons des panaméens aisés, poussent au repos. Alors oui, en effet, le doute n’est plus permis, on avait échappé à ça jusqu’à maintenant, mais il va falloir s’y faire, la saison des pluies elle n’a pas été inventée pour faire fuir les touristes qui auraient la curieuse idée de visiter le pays en octobre-novembre.

Est-ce pour autant que nos 2 héros vont se laisser abattre ?? Que nenni ! De toutes façons, faudrait pas trop voir non plus à nous prendre pour des truffes ! On avait prévu le coup et c’est pas peu fièrement armée de son plus beau K-Way multicolore que Louloute ouvre la marche dans les rues d’El Valle de Anton… et au pas de course en plus, histoire de se donner l’illusion que l’on passe entre les gouttes.

Très décontracté dans mon coupe vent soit disant imperméable je me contente de constater qu’il ne pleut déjà plus et que tout cela était bien passager. J’ai pas trop le temps de me perdre en réflexion parce qu’on pas que ça à faire, les pentes du cratère nous attendent et je vous assure que du bas de la cuvette, ça fait haut !! Enfin j’extrapole un peu pour vous en coller plein la vue parce qu’en fait, il est impossible d’en voir le sommet, perdu dans d’épais nuages blancs qu’il est.

Mais alors que j’en suis encore à me demander comment je pourrais bien vous faire comprendre la beauté des lieux par écrit, l’accident se produit ! A trop vouloir forcer l’allure pour être encore plus rapidement en haut, voilà Loulita victime d’une mauvaise chute…de trottoir ! Et les trottoirs au Panama, ils sont méchants : hauts, coupants, des évacuations d’eau large qui laisseraient passer un chien. Bref, la voila le temps d’une glissade retombée en enfance : paumes des mains arrachées, genoux constellés de petits gravillons...c’est pas joli-joli mais plus de peur que de mal finalement, l’ascension peut commencer.

Les enfants, qui traînent un peu partout dans les rues, dans leurs uniformes de classe (sooooo british), se font un plaisir de nous escorter jusqu’à la lisière de la forêt d’où part le sentier pour le sommet. C’est sous les cris, les rires et les pitreries que nous pénétrons dans la jungle touffue qui couvre le versant intérieur du cratère. C’est assez amusant de constater qu’ici, les palmiers et bananiers, déjà familiers, cohabitent avec de somptueux conifères qui, ma foi, bordent assez joliment la cascade que nous suivons et qui, à n’en point douter, doit dévaler depuis le sommet.

Quelle bonne idée de commencer la promenade en milieu de journée, il fait bien chaud, assez humide et après quelques virages avalés sur les chapeaux de roues, le chemin commence a sérieusement serpenter dans la forêt et à grimper sec. Nous longeons donc une cascade (si si je vous l’avais déjà dit, relisez le paragraphe ci-dessus si vous vous êtes perdu en cours de route, mais honnêtement çà m’étonnerai, il n’y a qu’a suivre le sentier), et tout n’est que profusion de petites fleurs rouges, blanches, arbres à fruits et plantes vertes dont j’aurai bien du mal à vous donner tous les noms.

Pour ma part, le paysage se résume de plus en plus à cailloux, bout de mes chaussures, coup d’œil furtif vers la miss virevoltante 10 mètres devant moi, puis re-cailloux. Au risque de filer un sacré mauvais coup à mon statut d’aventurier de l’extrême pourtant durement battis au fil des bus bondés et autres négociations du prix des chambres d’hôtel, je dois avouer que je suis un peu à la peine dans la montée….en plus il fait une chaleur.. !! Je tiens plus du Jalabert au short souillé que du Virenque au visage impassible. Tenir …tenir…tenir jusqu’en haut, c’est pas le moment de flancher…nan mais !! Quelques grandes gorgées d’eau devraient me permettre de raccrocher la roue…enfin la jambe, de ma décidément très en forme, compagne.


Les rayons du soleil percent dans la clairière à travers les orangers dont les fruits tapissent le chemin ; au loin, les bananiers déploient leurs larges feuilles comme un oiseau pécheur qui ferait sécher ses plumes au soleil toutes ailes déployées (rappelez vous bien de cet image édifiante, pas envie de la re-taper quand on en arrivera aux dits oiseaux pécheurs…rassurez vous c’est pas pour tout de suite. Interactivité dans le récit, c’est çà l’avenir…les « livres dont vous êtes le héros » l’avaient compris avant tout le monde, je les en remercie ici). Cette lumière, ce calme a peine couvert des chants toujours surprenant de divers volatiles invisibles et puis, incessant, mélodique, berçant, le bruit de l’eau qui rebondi de pierre en pierre. « Ce petit coin de nature est l’endroit idéal pour… » pas le temps de terminer, je le pressentais, l’eau, si goulûment avalée une minute plus tôt, fait le voyage en sens inverse imitant, dans un bel élan, la cascade toute proche. Je communie littéralement avec la nature...en harmonie.

Si Louloute avait eut droit, lors de sa chute, à l’arrivée empressée de deux flics panaméens motorisés (c'est-à-dire à deux sur la même moto avec un casque…pour la poignée d’accélérateur) vite rassurés par le « no problema » assuré et fier, la larme à l'oeil, qu’elle leur lança, mon traitement fut bien plus enviable, car c’est elle-même qui accourut à mon secours alors que j’essayais tant bien que mal de lui dissimuler mon malaise en l’invitant à s’extasier devant les merveilles de dame nature, « si si là bas, regarde bien c’est somptueux, je reste quelques instants à l’écart pour que tu puisses profiter en toute sérénité du spectacle, je te rejoins ma chérie ».

Plus nous approchons du sommet, plus les arbres à la cime perdue dans les nuages font place à l’herbe haute ; la forêt cède peu à peu aux parcelles cultivées et c’est dans un décor assez irréel baignant dans le blanc cotonneux des nuages accrochés au sommet du versant que nous atteignons tant bien que mal, pour moi, le sommet. Alors que nous nous posons 2 minutes pour admirer le cratère du volcan dans lequel est niché El Valle de Anton, admiration toute relative, puisqu’en fait on ne voit que les nuages ; alors donc que nous nous extasions d’être au dessus des nuages, la pluie recommence à tomber, et là je ne parle pas d’un petit crachin breton, mais bel et bien d’une franche averse. Nous décidons de redescendre, mais il pleut vraiment trop et les quelques feuilles de bananiers que nous trouvons se révèlent être un maigre abris, il faudrait trouver mieux…

Pour corser le tout, on est perdus ! C’est pas bien grave puisque de toutes façons tout porte à croire qu’il faut redescendre, mais impossible de retrouver le chemin par lequel nous sommes arrivés. Enfin, au détour…d’un nuage, nous débouchons sur une petite maison de paysan : ambiance irréelle que cette maisonnée en terre, au toit de palme, posée là, au milieu de nulle part au sommet du volcan. Il pleut averse et nous nous réfugions sous un bout de toit à coté de la cuisine. Enfin…quand je dis la cuisine, entendons nous bien, tout d’abord c’est une cuisine à ciel ouvert, une espèce de cuisine à l’américaine qui donnerait sur le jardin. Pour la vaisselle, c’est plutôt pratique, tout est posé en vrac sur une table et la pluie s’occupe du reste.

Dans la petite pièce derrière, les enfants se pressent autour du feu et nos mines déconfîtes par les événements évoqués précédemment les font bien rire. Nous reconnaissons la petite fille qui nous avait doublés, pieds nus pour ne pas user ses beaux souliers de classe, dans la montée. C’est donc là qu’elle habite ? et elle se tape l’ascension tous les jours…chapeau bas mademoiselle !! Quel contraste entre les confortables villas du bourg en contrebas avec leurs pelouses bien tondues, leur petit ruisseau savamment détourné pour passer juste entre l’arbre et la petite brouette si champêtre, et cette…hutte serais je tenté de dire…l’envers du décors une fois de plus…

Comme la pluie ne semble pas vraiment vouloir s’arrêter, nous repartons courageusement. La descente se fera en toboggan au milieu des flots de boues qui dévalent la pente, bizarrement, c’est encore bien plus éprouvant que la montée ! Un pas de travers, une pierre branlante et c’est la grande glissade direction la vallée !!

Nous rejoindrons finalement notre hôtel sous une pluie battante, croisant au passage la fanfare des enfants du village en grandes manœuvres pour la fête nationale. Le temps d’écouter 2 minutes de répétitions, nous nous prenons l’équivalent d’une année de précipitation bretonne sur le coin de la figure. Du coup la chambre tient plus du grand bassin olympique que du havre chaud et sec que nous rêvions de retrouver au retour : TShirt, chaussettes, pantalons et blousons « sèchent » dans un joyeux foutoir et toutes les chaises étant occupées du coup, il nous faut nous contenter du lit pour préparer (entre autre) le programme du lendemain.

Ouvrons, si vous le voulez bien, le Petit Futé du Panama (seul ouvrage disponible sur le pays en langue française). Je ne vous parle pas de disséquer un jeune bison afin de lire dans ses entrailles les prévisions de trafic routier sur le canal. Non ! Ouvrons donc le Petit Futé et lisons :
« Les chutes de …(faut que je recherche le nom), haute de 35 mètres offrent un spectacle blablabla blablabla » 35m ??? après 5 minutes de promenade dans la jungle escortés par notre jeune guide (nous reviendrons ultérieurement, au chapitre « travail des enfants, préoccupation de pays riche ? », sur ce point) la conclusion s’impose : à en juger par la chute d’eau et selon les lois de la proportion, je mesure 4m27 au bas mot et mon short devrait me servir de seyant caleçon…mon t-shirt de soutien gorge!!!

Bref, tout cela ressemble à s’y méprendre à une sombre arnaque à touristes mais bon…au moins il ne pleut pas…trop. Nous en profitons d’ailleurs pour aller faire un petit tour au marché d’artisanat du coin : typiquement local si j’en juge par le nombre de figurines, sculptures sur bois et autres que j’avais déjà croisés lors d’un précédent voyage au Pérou…mondialisation quand tu nous tiens !! Heureusement les fruits eux proviennent bien du pays et les gâteaux à la noix de coco et autres ananas sont délicieux. Tout comme la chiche de avena (plat typiquement local lui, qui ressemble fort à une bonne vieille bouillie d’avoine pour bébé) dont se goinfrera sans vergogne notre aventurière en KWay.

S’en suivra une ballade digestive de bon aloi qui nous permettra d’admirer une dernière fois les somptueuses villas nichées au cœur du cratère et puis c’est le départ vers de nouvelles aventures.
Un premier petit bus, serpentant au milieu des collines et s’arrêtant tous les 500m pour accueillir un écolier ou un courageux travailleur de retour au bercail, un charmant petit bus donc, nous amènera jusqu’à la panamericana ou nous espérons bien pouvoir embarquer pour Chitre, passage obligé pour rejoindre notre prochaine étape plus au sud.

Tranquillement installé sur le bord de l’autoroute transcontinentale un nouveau jeu commence : celui qui arrivera à lire le petit panneau posé sur le pare brise qui indique la destination des bus qui passent devant nous à toute vitesse. Santiago ? non, c’est pas vraiment notre direction, David ? non, ce sera pour plus tard…Panama Ciudad ? houlaaa, lui soit il a mit son panneau dans le mauvais sens, soit il ne roule pas dans le bon sens…c’est marrant comme jeu, ça occupe mais le temps passe et si nous voulons rejoindre Pedasi avant la nuit, ce serait bien qu’il ne tarde pas trop non plus notre chauffeur…et lui ? je vois pas ! attends…si c’est lui, c’est marqué !! Chitré ! Courres ! courres, je choppe les sacs ! Le chauffeur a du nous voir dans son rétroviseur et dans un crissement de pneu il arrête son véhicule sur le bord de la route. Comme dans un film nous courrons derrière, les chaussures de marche qui pendouillent des sacs nous forçant à avancer à coups de pieds dans le « culo ». Ereintés nous nous asseyons lourdement…3 heures de route pour récupérer de cet exploit digne de la chasse aux trésors.

Le voyage se fera sous le regard réprobateur des panaméens bien décidés à nous faire comprendre que, même en soute, il émane de nos fringues trempées de bien vilains fumets. C’est le moment de disparaître dans le guide et d’étudier la carte : de Chitré, nouveau bus pour Las Tablas puis re-bus pour Pedasi. A chaque changement le bus se fait plus petit et plus délabré, mais la règle d’or subsiste : si t’as personne d’assis sur tes genoux, c’est qu’il y a encore au moins une place dans le bus.

Nous arrivons de nuit à Pedasi, ambiance village de western : grande rue centrale déserte flanquée de petites maisons, étonnement bien entretenues pour le pays, de chaque coté. Après de longues heures de bus traversant des campagnes de plus en plus misérable, l’effet est assez saisissant : on se croirait à Disneyland (Paris of course) : pas un déchet par terre, pas un mur lépreux ou lézardé…tout est calme !

vendredi, décembre 23, 2005

Chapitre 4: Pedasi

Chapitre 4: Patisserie, Pacifique et... carton pâte: Pedasi

Meeeeerde !! (Évidemment tout était trop calme) Mieeeerda donc, on a perdu le guide!! C’est la catastrophe ! Ni d’une, ni de deux, Mamie (telle que nous surnommons la petite grand-mère qui nous accueille dans son hôtel…correct) se met en 4 pour essayer de nous le retrouver. L’annuaire entier y passe pour essayer de contacter le chauffeur de notre dernier bus, il est plus que probable que nous l’ayons laissé dedans…où est-il maintenant notre petit guide, vers quelle nouvelle exotique destination voyage-t-il ? Trop crevés et trop affamés pour nous attarder sur cette question, c’est vers la boutique de Mamie Gâteaux (chaudement recommandée par feu notre livre de chevet) que nous nous dirigeons tout naturellement. Un constat s’impose, Pedasi c’est le paradis des mamies ! et elles ne font pas vraiment preuve d’originalité : Mamie Hôtel et Mamie Gâteaux sont charmantes, accueillantes et prévenantes.. pomponnées et coquettes comme pour leur 1ier bal, c’est marrant… en tous cas ça nous amuse presque autant que la visite guidée du « musée Mamie Gâteaux » que cette dernière a improvisé dans sa boutique.

A l’heure qu’il est, il n’y a plus grand-chose à manger sur le comptoir, par contre au mur, c’est un festival : Mamie Gâteaux avec l’ambassadeur des Etats-Unis, avec le ministre des affaires étrangères colombien, avec je ne sais quel gros ponte du gouvernement local et, last but not least, Mamie Gâteaux avec l’ancienne présidente du Panama (native, elle aussi, de Pedasi, ce qui nous éclairera grandement sur la propreté et l’aménagement, inattendu en ces contrées reculées, de la ville). Ami journaliste, avant de raconter n’importe quoi, vérifie tes sources et ne copies pas sur ton voisin : la candidate chilienne à la présidence ne sera pas, si elle est élue, la première femme à ce poste en Amérique latine…tout au plus en Amérique du sud ! …parenthèse fermante. Oui je joue sur les mots, mais c'est mon blog et je fais ce que je veux!! nan mais!! ...pardon...la perte du guide m'affecte encore quelque peu.

C’est bien sympa chez Mamie Gâteaux, il y a de beaux posters de surfeurs aux murs (Pedasi est LE spot de surf du Panama quand la saison s’y prête, idéalement situé sur le Pacifique) mais nous ne sommes pas là par hasard ! Même si j’ai longtemps soupçonné miss Louloute de m’y avoir amené dans le seul but de visiter la pâtisserie tant vantée dans le guide, la raison de cet arrêt est tout autre : en effet c’est l’ultime étape en direction d’Isla Cana. La nuit est tombée et il n’y a plus de bus pour l’île, nous passerons donc la nuit sur place, repus ( ?) d’empanadas et de gâteaux dégoulinant de crème.

Un peu assommés par les longues heures de bus de la veille, nous oublions de nous lever…du coup, il va falloir passer une journée de plus ici ! Pour nous consoler, une surprise nous attend au réveil : mamie hôtel a réussi à récupérer notre guide, ce qui nous permettra d’organiser notre journée. Profitant du beau temps de la matinée, nous décidons sans plus tarder d’aller piquer une petite tête dans le Pacifique : après une bonne demie heure de marche à travers une campagne des plus normande, marche émaillée de divers incidents de tongs, de pieds en sang et autres lanières en plastique cisaillantes, nous arrivons enfin face a l’océan. Sur la plage de sable noir, c’est la cavalcade, des milliers de petits crabes blancs grouillent dans tous les sens et rentrent se planquer dans leur terrier dès que nous approchons.

Le ciel bleu, se pare peu a peu de gros nuages menaçants mais il nous en faudrait plus pour nous décourager de nous baigner. La ballade qui s’en suit le long du rivage est magnifique : a gauche : le Pacifique, calme, définitivement insurfable pendant la saison des pluies, a droite : de grands champs verdoyants, quelques palmiers et bananiers dont le vert contraste avec le ciel qui commence a tirer vers le bleu acier – gris. La plage est déserte, le monde est à nous ! (phrase d’auteur ! prenez des notes :)

La pluvieuse après midi se passera à nous maudire d’avoir loupé notre bus du matin, errants dans la belle ville de Pedasi, croisant souvent le marchand de lait de coco, premier noir que nous rencontrons depuis bien longtemps. C’est assez frappant comme la ville fait presque « carton pâte » tant elle contraste avec toutes celles que nous avons pu voir jusqu’à maintenant. Le ciel est bas… le moral aussi, mais le jeu du « tu crois que la toiture a été financée par la présidente ? », « tu crois que la place ressemblait à ça quand mamie présidente était encore à l’école avec ses copines mamie hôtel et mamie gâteaux ? » , « tu crois que c’est des vrais palmiers ? », le jeu donc, lancé sous un petit kiosque à musique tout neuf, planté face à l’église, nous ramènera le sourire. Rien ne l’entamera, pas même les rapaces noirs qui semblent attendre la fin de l’orage perchés sur les pylônes électriques, rien ne l’effacera car demain nous reprenons la route !

jeudi, décembre 15, 2005

Chapitre 5: Isla Cana


Chapitre 5: Mangrove, sable noir et...Tortuguitas: Isla Cana

Vas y mon petit Tortuguito ! Bats toi !! allez, encore quelques mètres, t’y est presque !! Grouilles toi (enfin…aussi vite que possible…j’imagine que c’est pas ta spécialité)…allez, hop une nageoire devant l’autre, voilaaaaa, comme ça ! il est 11 heures du soir, il fait un froid de canard sur la plage presque déserte, la larme coule dans un coin de l oeil, une dernière vague vient lécher le rivage et tortuguito nous quitte pour de nouvelles aventures.

Il faut dire que depuis qu’il a cassé la coquille de son oeuf, tortuguito, comme ses frères et soeurs, n’a pas été ménagé, d’abord je manque de lui marcher dessus, puis après il faut éviter les oiseaux (les gamins du village se chargent de les éloigner), les chiens, les crabes... et puis il faut courir (chaud pour une tortue) vers la mer...si j’en crois les explications du scientifique panaméen qui nous a permis de repérer le gisement de petites carapaces pas plus grosses qu’une pièce de 2 euros, d’où dépassent une tête minuscule et 4 nageoires miniatures, si je le crois donc, c’est arrivé dans la mer que les soucis commencent vraiment pour notre héros aquatique…hé ben ! çà fait peur pour la suite…

Presque 4 heures que nous arpentions la plage de long en large à la recherche d’une maman tortue pondeuse où d’un trou dans le sable noir d’où s’échapperaient quelques dizaines de mini turtles avec une seule idée en tête : la mer ou… la mort… 4 heures passées à s’extasier sur cette plage de 16 kilomètres de long, déserte, au sable grisâtre , à se demander si l’on aurait plus de chance de trouver des tortues vers la droite où la izquierda…mine de rien c’est épuisant de marcher comme çà dans le sable, surtout que la journée a été plutôt chargée une fois de plus. Mais, me direz vous, peut être faudrait il reprendre les choses depuis le début ? et moi de vous répondre : « pas con ! ». Allez, suivez moi, je ne voudrais pas vous perdre (dans le récit).

Levés aux aurores, cette fois nous étions bien décidés à ne pas rater le minibus. Après un dernier adieu à mamie hôtel et une dernière salve de remerciements d’avoir retrouvé le guide, nous embarquons. La veille a été plutôt calme et, pour une fois, nous sommes parfaitement réveillés pour apprécier le paysage : collines verdoyantes, rapide passage au milieu d’une forêt et puis à nouveau de grands pâturages escarpés sur lesquels broutent paisiblement des vaches de type « indiennes ». C’est assez inattendu de croiser ici ces paisibles herbivores avec leur bosse sur le dos. Le trajet Pedasi-Puerto Cana se déroule ainsi dans une ambiance champêtre, juste ralenti par les nombreux troupeaux que nous croisons sur la route. De fiers « gauchos » comme on dit en Argentine escortant les meutes de bêtes à corne, chevauchant crânement leur fier destrier. Louloute, dans un sursaut de lucidité préfère fermer sa fenêtre afin d’éviter l’expérience du torero transpercé d’un long coup de corne. C’est vrai que mine de rien, on est juste à portée d’une de ces armes naturelles.

Un petit tour par le village, histoire de déposer un jeune homme sans aucun doute expert en mécanique, si l’on en juge par les carcasses de voitures qui parsèment le jardin devant lequel nous le laissons et puis nous atteignons enfin notre destination… enfin… ce qui, selon toute vraisemblance est notre destination. Renseignements pris auprès du chauffeur, c’est bien là, au bord de ce cours d’eau boueux que nous devons attendre le bateau. Une jante munie d’un bon bout de métal sert de cloche pour appeler le bac qui nous conduira à l’isla Cana où les tortues viennent pondre chaque année à cette époque selon 1. le guide, 2. les dires de notre chauffeur sur le trajet Las Tablas- Pedasi (trajet de triste mémoire : c’est, effectivement, en en sortant que nous dûmes déplorer la disparition de notre guide bien aimé)… il pleut (pour changer), rien pour s’abriter à des kilomètres à la ronde, et le minibus est reparti depuis longtemps, nous laissant là à attendre un hypothétique bateau. Heureusement nous ne sommes pas seuls, outre 3 autres personnes, évidemment locales, les touristes sont rares dans le coin ; des crabes multicolores (noirs, rouge et oranges…on ne peut plus « rock n’ roll ») se planquent dans les recoins d’un tronc d’arbre, mort depuis bien longtemps, à notre passage.

Un maigre filet d’eau traverse la mangrove et tout n’est que boue, racines, verdure et pluie…et si le bac ne nous avait pas attendu ?, et si le taxi nous avait laissé là, au bout du monde, sans se soucier de notre sort ?…et si cet embarcadère désert n’était pas Puerto Cana, mais juste, comme il en a tout l’air, un espace abandonné au bout d’une piste sans fin où finissent, abandonnés, les touristes venus rencontrer ces braves animaux centenaires au péril de leur vie…

Nous nous renseignons auprès des autres voyageurs qui, eux aussi, attendent sous la pluie. Les réponses sont rassurantes mais nous avons appris à nous méfier de la notion du temps bien particulière que cultivent les panaméens. Le bac devrait arriver bientôt mais, qu’est ce à dire au juste ? tout de suite, dans deux minutes ? demain ? le mois prochain…bientôt…c’est plutôt vague..

Trouillards petits occidentaux que nous sommes ! La voilà enfin la barcasse que nous attendions tant ! On embarque, non sans mal, de la boue jusqu’aux genoux et c’est parti pour une petite heure de promenade dans la mangrove. Finalement nous débouchons sur une vaste étendue d’eau où l’on distingue, au loin Isla Cana. Sous les arches de verdure, nous nous renseignons sur les tortues : elles sont bien là, elles sont venues pondre il y a quelque temps et des centaines d’œufs n’attendent plus que nous pour éclore. Contrairement aux plages du Costa Rica où les touristes arrivent en masse pour assister à l’événement, nous sommes les seuls blancs à débarquer sur l’île.

On le savait déjà mais le Panama, est aussi touristique que le Costa Rica n’est…vierge d’américains en tongs. Une jeune « china » nous alpague à la descente du bateau. Elle a exactement le logement qu’il nous faut ! Las de passer des heures à la recherche d’un hôtel, nous sommes bien contents de faire sa connaissance et, de toutes façons, à en juger par la gueule du village, il ne doit pas y en avoir beaucoup d’autres. En fait d’hôtel, il s’agit plutôt d’une espèce de garage ouvert aux 4 vents, dans lequel on a disposé 3 lits doubles destinés à accueillir les chercheurs de tortues, les sanitaires sont des plus rudimentaires et…c’est vraiment crados. Pourtant on n’est pas vraiment du genre difficiles depuis le début. Mais là, on touche le fond (bah non, pas celui des dits sanitaires, vous imaginez bien que dans leur état ce ne serait pas une perspective des plus réjouissante !!).

Vous croyez que c’est çà qui va nous arrêter ? Cà va pas non ! Même si, j’en suis de plus en plus sûr, le but premier de ce détour sur notre route était d’aller rendre une petite visite à mamie gâteaux, on est quand même là pour voir des tortues et ils nous en faudrait plus que cette pièce lugubre pour nous freiner dans notre démarche…enfin…c’est vrai que ces 4 murs de bétons nus c’est glauque mais on est des aventuriers ou alors on reste peinard chez soi à regarder la Starac !!

Une bouteille d’eau, quelques pitis gâteaux secs et c’est parti pour la nuit !! On marche, on marche, rien…la nuit tombe, armés de notre seule mini lampe de poche, nous ne l’allumons que par intermittence, histoire de ne pas déranger celles que nous sommes venus observer en toute discrétion. La chance n’est pas avec nous mais, alors que nous sommes sur le point d’abandonner et de nous débrouiller pour rentrer à la seule lueur de la lune, quelqu’un au loin nous fais des signaux lumineux, nous accourons… elles sont là, toutes petites, ça grouille à la sortie du nid…pour la suite cf. ci-dessus.

Crissi et Beni (ainsi que nous appellent les panaméens) s en retourne se coucher un peu déçu de ne pas avoir vu de maman tortue (il parait qu’en cette saison, il peut parfois en débarquer plusieurs milliers sur la plage en une seule nuit) mais bien émus par toutes ces tortuguitas.... on s’était dit rendez vous dans 100 ans, même jour même heure, même plage....

Levés aux aurores (ouais, ouais comme tu dis : « pour changer »), on ne peut pas vraiment dire que la nuit nous aura permis de récupérer : j’ai du dormir 2 – 3 heures par intervalles, réveillés sans cesse par des questions du genre « mais qu’est ce qui peut bien me gratter comme ça », « p**** et si on choppait la gale ? », etc… etc… Chris, quant à elle a aussi réussi à dormir quelques minutes, justement au moment où je me posais ces questions existentielles, les seuls (moments) où je ne ronflais pas bruyamment pour exprimer ma joie de dormir enfin !