jeudi, décembre 29, 2005

Chapitre 2: San Blas: El Porvenir

Chapitre 2: Eau turquoise, plage de sable fin, cocotiers et douceur de vivre... El Porvenir: Archipel de San Blas

Alors ami lecteur ? remis du chapitre précédent ? ouais bah moi aussi ça m’a usé… il est 4h30 du mat’, faut faire les sacs, je suis crevé et il va falloir se trouver un taco vite fait sinon on ne sera jamais à l’heure à l’aéroport…quant au pti dej…les patacones (bananes frites) d’hier soir me sont resté sur le bide alors on va faire sans pour l’instant…

« Cuanto es para el aeropuerto ? » vous en conviendrez, et encore vous n’avez pas l’accent, mon espagnol est au poil !! Pourtant je ne sais pas pourquoi, mais j’ai comme l’impression que le chauffeur me prend pour un gros touriste malgré les apparences ; du coup il pratique le tarif…touriste…


Pas le temps de discuter de toutes façons, trop crevé et trop à la bourre pour ce genre de broutilles. Finalement, on arrivera avec pas mal d’avance ayant ainsi largement le temps d’admirer les costumes des indiennes kunas (le peuple des îles San Blas). A l’aéroport, comme partout ailleurs dans le pays, les jeunes bébés sont tous coiffés d’un petit bonnet fort saillant. Evidemment les couleurs des Chicago Bulls, du Real Madrid ou le logo de Sepultura ça ne fait pas très « kuna » mais il sont marrant avec leurs bouilles toutes rondes et leurs yeux bridés. Bizarrement il y a quand même pas mal de monde dans l’aéroport et je commence à douter fortement que l’on tienne tous dans le petit 4 places qui nous attend.

Quelques longues minutes d’attente plus tard, la vérité éclate : l’archipel des îles San Blas compte 365 îles (selon la légende ; la CIA, bien décidée à casser le mythe, en dénombre du haut de ses satellites 378… c’est dommage, c’était marrant de penser qu’il y avait une île par jour…j’en resterai donc, pour ma part, à la version kuna des choses reprise par ailleurs par Antoine…). 365 îles donc et presqu’autant de destinations potentielles…d’où l’affluence…

Finalement notre tour arrive, on salue le capitaine (en fait avant même d’entrer dans l’avion, on l’a reconnu sur le tarmac : une belle moustache ça vous pose un capitaine bien plus qu’une casquette galonnée) on salue nos 2 co-passagers a priori aussi réveillés que nous…c’est parti !!!!

En dessous on aperçoit le quartier résidentiel de Calidonia, puis la baie, puis le canal, la forêt, la jungle… puis les nuages, re-la jungle (là si on se plante je me demande qui viendra nous chercher au milieu de cette végétation aussi luxuriante qu’hostile), un bout de canal à droite et enfin…la mer…le spectacle est « de toute beauté » : levé de soleil sur l’Atlantique…quelques instants plus tard on commence a perdre de l’altitude…tout le monde a bord semble s’en moquer éperdument, en fait, tout le monde dort ! on finit par se poser…

On est où ? on est arrivé ?? bah non, je crois qu’on est encore sur le continent !? Renseignements pris, on fait juste une dernière escale sur le continent histoire de déposer le co-pilote kuna, les bras pleins de provisions, qui rentre de la ville pour retrouver sa petite famille. Dans la lumière naissante du petit matin, nous voilà posés sur un bout de piste ridiculement court, en plein milieu de la jungle…au bout du monde. Il fait bon…l’air est tiède, la forêt alentour résonne des premiers chants d’oiseaux, les kunas se réjouissent de leurs retrouvailles…mais déjà on re-décolle…

Cette fois, quelques centaines (dizaines ??? j’ai une notion des distances assez floue, surtout à la verticale) de mètres plus bas, c’est tout un chapelet d’îles que l’on aperçoit, toutes bordées de superbes dégradés bleu-turquoises au milieu desquels elles ressemblent à de petites tâches ivoires semées de quelques grappes de verdure.

Ca y est ! Cette fois on est vraiment en vacances…au paradis, c’est certain, il n’y a qu’à se pencher par la fenêtre de l’avion pour s’en assurer !! Alors on s’amuse à deviner sur laquelle on va se poser…

Celle là ? t’es folle elle est beaucoup trop petite, alors celle là ? meuhhh non, on n’aura jamais la place…houla…mais il est con ou quoi le pilote ? on est vachement bas !!! hein ?? il va pas se poser là ??? elle est où la piste ???!!!! ohhh putain !! on n’aura jamais la place d’atterrir la dessus !! bah si…euh…nan nan…chacun retient son souffle…on est posé..c’est déjà ça mais si on continue à rouler à cette vitesse là on est bon pour un bain matinal…alors défilent dans la tête tous ces films de la guerre de Corée où de petits coucous américains arrivent à pleine vitesse sur leur porte avion et, sur leur lancée, finissent leur course à la flotte après avoir traversé toute la piste du navire…

Mais non ! ce ne sera pas pour cette fois, quel as ce pilote, on se regarde, on sourit bêtement…on y est ! T’as eu peur toi ? meuuuuh nan, c’était pour te faire flipper !! ouais ouais… Va falloir que tu bosses ton bronzage toi parce que t’es un peu blanc ;)


« Un petit poisson, un petit oiseau s’aimaient d’amour tendre… »…assis sur un palmier couché (l’inverse serait bien plus compliqué), sans doute la conséquence d’une tempête passée, je sifflote. Quelle bonne idée d’avoir pensé à amener les lunettes de piscine, c’est l’outil peu encombrant et indispensable pour observer ces fameux petits poissons qui peuplent par centaines les récifs coralliens qui bordent l’île où nous avons finalement décidé de nous poser. Némo, tout mimi qu’il soit, fait difficilement le poids avec son morne orange, noir et blanc, alors que paradent ses congénères bleus électriques et jaune fluos, rouges criard et mauve, là encore toutes les couleurs se côtoient.

C’est un peu le seul point commun entre Isla del Perro et l’Avenida Central, parce que sinon le seul bruit que l’on entend ce sont les vagues qui viennent tranquillement s’échouer sur le sable blanc rendu éblouissant par le soleil, ou le vent qui vient taquiner le cime des cocotiers. Pour ce qui est de la densité de population, là encore on est trèèès loin de l’agitation de la capitale : en fait on est seuls sur l’île… évidemment elle n’est pas très grande et on en fait le tour complet en moins de 2 minutes alors, pour faire durer le plaisir, c’est à la nage que nous décidons de l’explorer…puis, tout émoustillés par la température incroyablement parfaite de l’eau, nous poussons le vice jusqu’à partir à l’assaut de celle d’en face.

La traversée se fera au milieu des poissons sus cités et nous poserons le pied, tels des Robinsons des temps modernes, sur ce que nous croyons encore être une île déserte. Les lunettes dans une main, l’autre dans la poche du maillot, un œil vers le haut des arbres (une noix de coco est si vite tombée…) nous foulons courageusement une nouvelle plage idyllique pour nous enfoncer dans une forêt de palmier…comme çà, ça n’a l air de rien, mais c’est magnifique. Nous débouchons finalement de l’autre coté de l’île pour découvrir une hutte en palme (de palmier, ça parait logique) dans laquelle vit une petite famille de pécheurs kunas… il est une heure de l’aprem… 20 heures en France…une pensée émue pour nos compatriotes qui, engoncés dans leurs tailleurs-costard-cravate quittent leurs tours pour aller s’enfoncer dans la chaleur moite du métro…allez encore 20 ans et je pourrais rembourser mon emprunt…quelle allégresse…Je plains ce pécheur sous développé condamné à une vie misérable, sa barque taillée dans un tronc de cocotier, une petit moteur, un short, son 15m2 sous les palmes avec un vis-à-vis monstrueux sur…l’île d’en face.

Pourvu qu’un jour une âme charitable, sûre de son bon droit et de sa bonne parole, viennent lui imposer son GSM 3G, son ADSL haut débit, sa parabole, qu’il puisse enfin sortir de sa « misère »…que quelqu’un l’aide bon sang notre petit pécheur kuna !!!!! Il a l’air tellement malheureux coupé du monde qu’il est !!! Sa peau est noircie par le soleil et l’eau salée, il passe ses journées à se faire fouetter sans pitié par les embruns tièdes, il rit tellement qu’il ne se rend même pas compte que son sourire n’est pas Ultra Brite…et sa petite famille rit avec lui…ils ont l’air de s’en foutre, ils sont contents de nous voir…demain peut être d’autres touristes oseront rejoindre les 2 îles à la nage, ils les accueilleront sans doute avec le même sourire…mais, je suis persuadé au fond de moi, que pour rien au monde ils ne les suivront…le haut débit mobile attendra…la cuisine équipée aussi…

Nous passerons 4 jours ainsi, à nous faire balader d’îles en îles sur la petite pirogue à moteur de Dioni, notre guide kuna. Si le paradis existe vraiment, je connais un vieux barbu, assis sur son nuage, qui a du soucis à se faire pour me convaincre qu’il existe quelque chose de plus beau, de plus paisible, de plus…humain finalement que ces petites îles du bout du monde.

Et là vous me dîtes…. « il reste un cratère »….euh non, j’m’emelle…çà n’a rien à voir avec le sujet qui nous intéresse. Donc, là vous dîtes… « ouais c’est bien sympa tes ptites îles pleines de noix de cocos, de poissons multicolores, de soleil et de brise marine mais…on s’y ferait pas un peu chier des fois??? »…Parfois !!! « des fois » c’est pas français !! Et non on ne s’y fait pas chier du tout…quand on en a marre des îles désertes à la robinson, on peut aller faire un tour à la mégapole du coin : une dizaine de huttes en palme, quelques barques de pécheur, une épicerie qui vend de tout…du pétrole aux tomates, de l’aspirine aux langoustes…c’est la seule boutique du coin, alors les petits kunas s’y retrouvent et iront même jusqu’à nous emmener d’un coup de barque sur une colline du continent qu’on puisse admirer de haut tous ces îlots verdoyants sur lesquels la nuit tombe peu à peu…

Palmier..ciel noir- bleu marine-rose, palmier...ciel rose-bleu roi, palmier…ciel bleu-rosatre..palmier…vers 4h30 / 6h…la fourchette est large mais confortablement installé dans nos hamacs, bercés par le bruit des vagues et la nature qui s’éveille, nous attendons tranquillement la barque qui nous amènera jusqu’au continent. Un petit tour par la douane, eh oui ! El Porvenir sert de douane pour les navires en provenance ou en partance pour la Colombie…tout est en règle, même si on quitte les kunas, on ne sort pas du pays, ce sera donc une simple formalité.

Finalement ce sera une barque de pécheurs qui nous accueillera, dernier contact avec la comarca kuna yala, pour 3 heures de traversée direction Miramar, l’occasion de profiter du levé du soleil sur l’océan atlantique tout en longeant la cote toujours aussi verte…passage dans les mangroves, rencontre avec les dauphins…matinaux les dauphins ! Pas autant que nos 3 marins kunas qui nous font partager leur petit déjeuner à base de sandwich au paté…après 4 jours de poisson, quelques heures de hamac et en pleine traversée maritime, c’est un peu rock n’roll le paté au petit dej’ ! Louloute préfère dormir encore un peu, elle manquera les dauphins…mais ne coupera pas aux victuailles.
Et voila...adios los kunas…les visages noirs succèdent aux indiens, la végétation devient plus luxuriante, l’accent plus chantant mais toujours la même gentillesse chez les continentaux descendants d’esclaves. Nous avons une petite heure à perdre en attendant le(s) bus qui nous permettront de rejoindre Colon (2ième ville du pays) et décidons donc de gravir la colline la plus proche, histoire de profiter une dernière fois de la vue sur l’océan. L’opération s’annonce plus difficile que prévue…vous avez déjà essayé de patauger dans la terre rouge en tongs et en montée après vous être levé aux aurores ?, plus difficile que prévue mais elle en vaut vraiment la peine. Entre les palmiers et les bananiers, l’océan, luisant sous le soleil naissant, s’étend à perte de vue…Végétation verdoyante, terre rouge et mer argentée...un grand bol d’air pour bien commencer une longue journée.

Le plan est des plus simple : bus jusqu’à Colon ou, selon toute vraisemblance, on devrait pouvoir trouver un train qui en moins d’une heure au cœur de la jungle devrait nous permettre de rejoindre Panama Ciudad. De bus, nous aurons notre dose : pas moins de 3 pour atteindre la grande ville : du minibus bondé avançant cahin-cahotant sur les pistes récemment détrempées, au gros bus américain sans âge, peint, chromé et astiqué jusqu’à plus soif. Le principe est universel sur le continent : si t’as la place de te retourner pour faire remarquer à ton voisin que là vraiment il n’y a plus de place, c’est que justement il en reste…de la place ! Note pour le prochain voyage : penser à faire raccourcir mes jambes. Nous nous arrêtons pour déjeuner à PortoBello, ancienne place forte des espagnols en bord de mer…premières et dernières ruines du voyage (enfin…je passe sur l’état de certains bus ou de certaines chambres d’hôtel qui valent le détour au rayon ruine). Rassurez vous, je ne vous referai pas le couplet sur le soleil brillant de miles feux sur l’océan blah blah blah, vous aurez compris…c’est magnifique !

De bus donc, nous eûmes, mais point de train ! On est dimanche et le Transpanaméen est en congés. Heureusement pour nous la gare routière est à 2 pas et nous n’aurons donc pas à retraverser la ville pouilleuse de Colon…Panama Ciudad nous avait paru sale et bruyante mais ce n’était rien comparé à ici…ça fait bizarre de retrouver les affres de la civilisation après quelques jours passés au paradis.

Il est 19 heures, nous arrivons enfin…bateau, bus, bus…bus…tout ça pour revenir au point de départ ? …et si on embarquait dès ce soir pour le chapitre 3 ? on gagnera une demi journée…

4 commentaires:

Anonyme a dit…

BONSOIR je viens de lire ton msg sur le forum routard et j'ai vu ton blog ( of course, j'y suis...) Beau travail . J'aimerais avoir d'autre infos sur le voyage parmi les kunas. comment trouver un pêcheur, le coût etc...Le mieux serait d'en parler de vive voix.
Mes coordonnées: Michel Godest 06 13 23 79 49 michel.godest@noos.fr

Donne moi de tes nouvelles . Je pourrai transmettre un msg de ta part aux congénères de Nemo bleu électriques....

bonsoir la fermière a dit…

ca fait rêver !et les photos sont magnifiques !!! vivement les vacances ...

Anonyme a dit…

BONSOIR je viens de lire ton msg sur le forum routard et j'aimerais aussi avoir quelques infos sur une éventuelle venue aux San Blas
Je te laisse mon mail c;brusset@hotmail.fr
Merci d'avance.

Anonyme a dit…

Salut!
Tout d'abord, merci pour ton beau site.
Ayant prévu une expedition en février aux san blas, jaurais aimé qqs infos sur l'ile ou tu as séjourné , voir mm le contact? le tarif?
je te laisse mon mail en esperant vivement une réponse:
lorett64@hotmail.fr
Merci d'avance.
Laure