The New Order - Declaration of War (1975)
Quand on parle super groupe des années 60-70s on pense tout de suite à Cream, Journey, Crosby, Stills & Nash (and Young) ou encore Bad Company, bref du costaud bien ricain (quoique Cream…), bien vendeur, bien stadier. Souvent, ce genre de réunion a tendance à tourner à l’indigeste et fini par s’effondrer de soi même miné par les caprices de divas et les guéguerres d’égos de chacune des superstars présentes. Mais quand on parle d’un super groupe qui réunit à la fois Dennis "Machine Gun" Thompson (à la batterie), Jimmy Recca (à la basse) et Scott Thurston (aux claviers) là, à moins d’être un spécialiste du genre Détroit sound option métallurgie, il y a peu de chance que çà sente le stade remplit. Le batteur du MC5, ok on le connait un peu ; un éphémère bassiste des Stooges avec qui il n’a jamais rien enregistré et le tout aussi peu connu clavier du même groupe mythique là déjà çà devient franchement plus obscur comme super groupe. Heureusement pour eux, c’est avant tout la présence de Ron Asheton qui a attiré, enfin tout reste relatif quand même, les feux de la rampe sur le groupe.
Avec une équipe pareille, aucun doute n’est permis, le New Order dont on parle ici n’est certainement pas le britannique auteur du Blue Monday (en 1983). Non, le programme de nos pistoleros ici est on en peut plus clair : sex, drug, rock n’roll, sang, sueur, cuir et alcool. Du proto metal, du proto punk, du prolo rock au son crasseux piqué directement sur le lecteur cassette (luxe extrême pour groupe fauché) du guitariste. Bowie a massacré le mix de Raw Power, sa version n’est que glam et paillettes, qu’à cela ne tienne, Ron se fera une gloire de rendre l’album suivant aussi cradingue que possible. Pas une once de glam ici, du gras, du rouillé, du sale et du tailladé, à toutes les sauces sur les 8 titres, du cultissime Rock N’ Roll Soldiers (repris entre autre par les Hitmen et les Hellacopters) à Sidewinder sans ordre précis. Pépite de pure énergie de guitares affutées et de chants vindicatifs.
De chants avec un « s » ? Oui, histoire de corser le tout et de le rendre encore plus difficile à suivre, c’est Jeff Spry qui chante sur la première face du vinyle et Dave Gilbert, qui rejoindra après les Rockets, sur la seconde face. Vous voyez d’ici un peu la gueule du super groupe capable de changer de chanteur en l’espace du temps nécessaire à retourner une galette sur un lecteur. Autant dire que les portes du succès ne leur étaient pas spécialement ouvertes, alors qu’au même moment Iggy et Ray Manzarek, clavier d’une autre paire de portes, s’acoquinaient ensemble le temps d’un projet sans lendemain.
2 voix donc mais une volonté commune de cogner l’auditeur directement au plexus et d’enchainer sans temps mort au bas ventre. Qui de la charge rythmique ou du déluge de gratte aura raison de ses sens ? Impossible à dire, mais le programme de l’ordre nouveau est appliqué à la lettre : violent, rapide et direct ! Ron Asheton n’aura de cesse de l’appliquer tout au long de sa vie, Ron Asheton n’aura de cesse d’en faire sa vie. RIP Ron et God Bless Philippe Mogane et ses Siamese Dogs Records pour cette réédition testamentaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire