Le nombre de livres en français consacré à l’inventeur de l’afro beat étant inversement proportionnel à sa production musicale pléthorique, ce Putain de Vie, malheureusement épuisé depuis bien longtemps et rarement réédité à ma connaissance, fait figure d’incontournable pour qui veut en connaitre un peu plus sur la vie et l’œuvre du génial nigérian disparu, des suites du sida, en 1997, soit bien longtemps après la parution de ce bouquin qui date de 1982 et, de fait, ne couvre pas l’ensemble de la vie de l’artiste..
Ecrit à 4 mains avec son ami Carlos Moore, qu’il reniera quelque peu par la suite, toute la première partie de l’ouvrage couvre les débuts du roi de l’afro beat, du jazz high life, aux séjours londoniens, de ses passages au Ghana à la tournée américaine qui lui fera découvrir les blacks panthers et le panafricanisme, tout ce qui a permis à Fela de bâtir son immense édifice de musique et de rébellion s’y trouve. Les racines de son engagement, jamais démenti, contre la corruption, les dictatures ou encore la mainmise des multinationales plongent directement tout autant dans ces premiers voyages que dans son observation aigue des travers de la société africaine et du pouvoir en particulier.
Où Fela puisait-il cette énergie débordante, qui lui permettait de mener de front sa carrière musicale internationale, son engagement politique ponctué d’humiliations, de coups, d’emprisonnements et de tortures ? Sans doute auprès de ses innombrables épouses qui figurent ici en bonne place sous forme de courtes interviews, pas toujours passionnantes et dont on pourra regretter qu’elles tournent essentiellement autour de la curiosité malsaine de l’auteur qui cherche, pratiquement à chaque fois à savoir si elles ont été violées et comment lors de la violente descente de l’armée qui vint ébranler la vie de la tribu de Fela par un régiment entier de militaires prenant d’assaut la Kalakuta Republic.
Enfin, celui qui se nomme dorénavant Fela Anikulapo (celui qui porte la mort dans sa gibecière) Kuti (qui ne peut être tué par la main de l'homme)revient sur sa relation avec les femmes, dévoilant au passage une homophobie très africaine dans son explication, la mort de sa mère et sa croyance forte dans la présence et le pouvoir des esprits.
On l’aura compris, même s’il est, du fait de sa date de parution, incomplet, même s’il est, par certains aspects, fort critiquable, cette ouvrage n’en reste pas moins un incontournable pour qui cherche à en savoir un peu plus sur la vie et l’œuvre de ce musicien majeur de la sono mondiale qui, à l’image d’un Bob Marley aura su, avec quelques notes et une foi sans faille, faire trembler les puissants.
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