Patrick Foulhoux - Le fond de l'air effraie (2010)
Parti pris, subjectivité exhacerbée, anticonformisme revendiqué, mis en avant honteuse de l’auteur, oui, aucun doute, tous les principes du gonzo journalisme cher aux Hunter S. Thompson ou Lester Bang (même si je doute qu’il s’en soit un jour réclamé) sont ici mis en œuvre sous la plume de Patrick Foulhoux. Tout ça pour quoi ? Juste histoire de raconter sa petite histoire du rock, vécu de l’intérieur, sous forme d’un abéédaire iconoclaste du « rock dérangé », mélangeant figures incontournables de la saturation mondiale et obscurités passées en leur temps inaperçues et qui trouvent dans ce petit bouquin l’occasion de se bruler une (dernière ?) fois les ailes aux feux de la rampe.
Ayant sauté à pieds joints dans l’encre de Rolling Stone, Punk Rawk, Kérosène, Rock Sound, Abus Dangereux ou encore Violence, l’auteur l’annonce dès la lettre B : « les Beatles sont les premiers à avoir trahi le rock », ils ont « chié dans les bottes du rock », oui les Beatles « horripilent » Patrick et, rien que pour ça on n’a qu’une envie, s’enfiler tout le reste du bouquin d’une traite ! Ou alors, pour les beatlesmaniaques lui foutre son poing dans la gueule, mais là gare ! Le gus n’est pas forcément du genre facile à étaler d’une petite tapette sur la joue ! Non monsieur est plutôt du genre rugbyman, donc, physiquement parlant, difficile de l’attaquer frontalement. Alors que faire ? l’attaquer sur le terrain d’une prétendue éthique rock n’roll ? Pas con, l’énergumène, revient rapidement sur son parcours au sein du genre et ce, en préambule, dès la première lettre du bouquin ! « Ah ben putain », fallait trouver quand même comme illustration de la lettre A ! Vous avez vraiment envie d’aller pinailler « rock n’roll » avec un gus qui lance son label rock en 2010 ? Perso je ne m’y risquerais pas trop…
Le décor posé, le petit Robert (en l’occurrence Patrick) du rock est au-delà de tout soupçon et annonce la couleur d’entrée : si vous cherchez à humer les pets mouillés des BB Brunes, les mêches collées des Tokio Hotel ou encore le déo d’ambiance sonore de la première dame de France, vous faites fausse route. Non, le Fond de l’Air Effraie, tout comme les Stooges en leur temps (tables de la loi de notre narrateur enflammé), comme le peu de reconnaissance qu’auront eu les Thugs pourtant bien fournis en atouts pour conquérir le monde. Oui le bouquin effraie.
Tout y fleure bon son petit scandale dans les milieux autorisés (si bien décrits par Coluche), en effet, est ce bien raisonnable, mon bon monsieur, de faire des Nomads « le plus important groupe suédois de l’humanité », et ABBA mon cher Patrick, c’est de la guimauve peut-être ? et réserver la lettre G à Gatechien sous le (presque) seul prétexte qu’ils sont chez vous ? je vous le demande, et Gaga (Lady de son prénom) elle ne mériterait pas un peu plus la place ? Ignare, crasseux ignare, mécréant des charts, inculte du marketing !!! Croyez vous un instant qu’en vous cachant derrière le lourd (dans tous les sens du terme) pseudonyme de Tad nous ne pourrons vous démasquer ?! Même votre ignane tant aimé s’est un jour corrompu avec les forces obscures, et vous l’avez SFR, mieux, votre silence complice en dit long sur votre état d’esprit ! Vous croyez donc qu’en 26 petits articles à la plume plongée dans le goudron, la cendre et le lourd bourbon vous pouvez lutter contre les toutes puissantes majors ? vous croyez leur vider la tête des Raphael et autres insipides rébellions que nous y avons fait entrer à grand coup de pompe publicitaire ? Qui croyez vous aujourd’hui s’interresse encore aux Thee Hypnotics ou aux X-Syndicates ? A la rigueur Neil Young mais franchement… Rye Coalition, non mais, je vous jure, qui ???
Comment, que dites vous ? en ces temps troublés, la musique retrouve peu à peu ses instincts incendiaires ? les jeunes s’abreuvent de moins en moins aux supermarchés de la culture ? le Do It Yourself est dans l’air du temps ? le vinyl se greffe des poils de la Bête ? … La révolution serait donc encore en marche et se fera, une nouvelle fois, sans les dinosaures du passé ? Votre mauvaise foi m’effraie monsieur « Tad » Foulhoux, votre mauvaise foi vous honore, votre mauvaise foi, en se retournant sur le passé, se fait visionnaire, puissiez vous seulement ne pas vous contenter de ce coup d’essai en coup de maître littéraire !
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