lundi, novembre 01, 2010

Karimouche – L’Emballage d’Origine (2010)

Karimouche – L’Emballage d’Origine (2010) - Piaf meets Lady Saw chez Renaud

Atmosphère ? Atmosphère ? Vous trouvez qu'elle a un flow d'atmosphère la miss Karimouche (et pas avec le coude ) ? Si d'atmosphère il y a, outre son label, c'est bien celle de l'époque racontée avec bagou et gouaille comme une titi parisienne lyonnaise qui aurait été chercher sa diction tout en rap - ragga dans les banlieues dites difficiles. Une Arletty de Sarcelles (Atmosphère et ses charters complets pour Bamako), en quelque sorte, une lointaine cousine de Lady Saw, son petit béret et sa baguette (enfin une campagnarde, ou des champignons, s'il y en a) sous le bras. Kingston à la croix rousse.


Comme une Diams qui du haut de sa tour raconterait ce qui se passe sous ses fenêtres sans jouer aux mères la morale, sans larmoiement inutile, entre autodérision et constat désabusé sur tout un chacun. Sur le disco Je Parle Trop, Karimouche ne s'en cache pas : c'est plus fort qu'elle, elle parle comme elle respire, et quand on voit à quelle vitesse et la souplesse avec laquelle elle débite ses états d'âmes on se demanderait presque quand elle trouve, même, le temps de respirer. Un accordéon discret par ci, par là, un xylophone, tout ce qu'il faut pour la créer cette fameuse atmosphère urbaine, franchouillarde et ses mots sans âge que l'on trouve au détour d'une rime (qui dit encore mornifle au XXIeme siècle ?).

Vous allez me dire, du reggae français, ça va, on commence à en avoir soupé, et pas du meilleur. Mais plutôt que de classer Karimouche dans cette catégorie typiquement hexagonale, c'est plutôt dans la tradition de la chanson française futée, entêtante et badine qu'il faudrait ranger la miss Mouche, tant l'univers musical est avant tout mise au service de petites vignettes de vie (comme Firmin sur lequel plane l'ombre affectueuse de mamie Piaf). Elle le dit elle-même, elle peut chanter du Cloclo et du Renaud et c'est vrai qu'il y a du chanteur à la cheutron sauvage dans cette façon de poser de petites histoires poétiques et théâtrales qui n'ont l'air de rien, mais drôlement bien tissées.

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