Analog Africa N°8 : Afro Beat Airways - Ghana Togo 1972-1979 (2010)
Parfois il me prend l’envie d’aller jeter un coup d’œil sur la provenance des visiteurs du site, sisi je vous jure, j’ai ce pouvoir...j’en suis plutôt assez fier d’ailleurs. Hey oui, ami de Mechelen, de Saint-martin-de-seignanx, de Fleury-les-aubrais ou même de Versailles, je te vois pendant que tu me regardes. Miracle de l’informatique, vertige de la paranoïa, toujours est il que je peux le faire, alors je ne vais pas m’en priver ! Mais l’autre jour, plutôt que de ces exotiques petites villes hexagonales, voire même ces bleds inconnus de la lointaine Amérique (avec autant de noms de groupe en anglais, ce n’est pas vraiment une surprise), bref, plutôt que ces provenances finalement assez classique, un visiteur attira particulièrement mon attention, je ne sais pas combien de temps il passa sur mon site, ni, surtout, par quel miracle il était tombé dessus, quel facétieux moteur de recherche avait pu l’amener jusqu’à moi, mais sois sûr ami gabonais (car oui mon visiteur venait du Gabon) que cette visite africaine me fit chaud au cœur et, histoire de bien enfoncer la tarte à la crème, mit du soleil dans ma journée. Par contre, je dois bien reconnaître je suis encore très dubitatif quant à savoir qui, d’Entombed ou des Lords of Altamonts tu pouvais bien rechercher pour tomber sur moi. Vous l’aurez compris, la visite eut sur moi un effet…foudroyant et s’accompagnât d’une révélation sans doute divine, provenant, qui sait, peut être directement de Jah Rastafari. Cette révélation était la suivante : si on trouvait de la pop, du rock, plus ou moins extréme, de la chanson française et même du rap sur le blog, rien, non rien qui ne concernât la musique africaine et plus généralement ce que d’aucun appellent la « world music ». Celle qui courre avec les gamins des rues de Sao Paolo aux steppes laponnes (où, avons le ; il n’y a peut être pas tant de rues que çà pour y mettre des gamins à demi nu, surtout par ce froid, va me mettre ton écharpe !)
Fort de ce constat, je me lançais sans tarder dans l’écoute du disque qui nous occupe aujourd’hui et il me fallut bien peu de temps pour être pris de démangeaisons genre funky chicken, à la James Brown. Cuivres fiévreux, rythmique hypnotique, chœurs entêtants, chaleur, chaleur, l’Afrique cognait à ma porte, et si Fela sera à tout jamais le King de l’afrobeat, ce Afro-beat Airways était là pour prouver que limiter le genre à son seul fondateur nigérian serait un grave manque de culture. Plongeant ses racines au cœur des 70s (72-78 pour être précis, bref de la fin du Flower Power aux punks pour « nous ») cette « compilation » (terme assez peu approprié, préférons lui « sélection ») ghanéo-togolaise nous offre le meilleure point de vue possible sur la richesse musicale de cette période et de ce genre, encore largement méconnu chez nous et dont l’influence, pourtant, ne cesse de se faire sentir par tous les pores du funk blanc, de la disco, de la techno et de tous les styles de musique qui invitent, un tant soit peu, à remuer son arrière train au rythme d’une transe fiévreuse.
L’orgue manzarekien d’Orchestre Abass, le highlife de Alhaji K.Frimpong, l’afro-beat du African Brothers Band et l’afro-funk de Marijata avec le titre Break Through (qui boucle la boucle si vous voyez ce que je veux dire….oui oui, To the Other Side), tout ici n’est que groove moite, ascension sereine vers de trance(andants ?) sommets. Alors, oui, l’esprit fela-cien flotte sur chacun des titres (Odofo Nyi Akyiri Biara) mais…pas que. Live in Usher World d’Itadi n’a finalement que bien peu à voir avec le prophète nigérian, mais beaucoup plus avec le funk-soul des USA à cette époque avec sa guitare hendrixienne en diable. Et si vous ne trouvez pas à Break Through (encore) de faux airs de We Got The Funk de qui vous savez, l’achat d’une boite de cotons de tiges devrait s’imposer immédiatement. Que dire de la sereine et enchanteresse gratte des Frank Professionals, tout en laid back revigorant, un exploit !
Vous l’aurez compris, amateur de rock pur et dur, ou spécialiste plus pointu en…musicologie spécialisation Afrique, cette compilation est pour vous. Les passerelles entre tous les genres se faisant ici parfaitement évidentes : le funk est né dans les rues d’Accra, ou pas loin, Hendrix n’avait pas QUE du sang cherokee, la techno de Detroit a copulé honteusement avec les rythmiques krautrock a-batardisées de jeunes germains dégénérés qui, trop longtemps, ont traîné leurs combis Volfwagen sur les pistes africaines. « Toutes la musique que j’aime, elle vient de là, elle vient du blues » comme dirait l’autre fiscaliste ? oui sans doute, mais….le blues il vient d’où ?
Il y aurait lieu d’écrire des pages et des pages encore au sujet de cette envoûtante sélection, mais ce serait sans compter sur le copieux livret qui l’accompagne et qui, à lui seul, justifie l’achat de ce disque magique et justifie aussi…le retour du vinyle qui faciliterait amplement la lecture des textes qui s’y trouve et des magnifiques photos.
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