Electric Bazar Cie – Psychotiko (2010)
Qui oserait dire de Kusturica ou de Tarantino qu’ils ne sont que de besogneux copistes de leurs références respectives ? personn,e évidemment, tout cinéphile reconnaitra qu’ils transcendent ceux dont ils se revendiquent avec un art tel qu’il peuvent même re-citer leurs sources sans que l’on puisse une seule seconde les accuser de plagiat, mais s’émerveiller, au contraire, de la faculté d’assimilation qui a été la leur tout au long de leurs carrières et qui leur permet maintenant de faire un hommage de ce que n’importe qui d’autre aurait fait une copie appliquée.
Il me parait impossible ici de ne pas penser à ces 2 cinéastes quand on aborde ce nouvel album d’Electric Bazar Cie. Échevelé, enlevé, fou, ivre, bagarreur, sans dessus dessous, incontrolable, chaotique et bordélique, oui , cette musique à un gout de chat noir, de chien de reservoir, de chat blanc sur le boulevard de la mort. Mourir qu’ils disent en guise d’ antepenultieme morceau.
Avec un album aussi riche et foisonnant, la solution la plus simple, pour ne pas se perdre consisterait à prendre les titres un par un et de les détailler chacun, relevant à chaque fois les influences qu’on y trouve, les instruments (nombreux) qui interviennent, les ambiances, etc… etc… La plus simple certes, mais la plus laborieuse aussi, tant ici on se retrouve en face d’un chaudron bouillonnant où pratiquement tout ce qui se fait en (bonne) musique a été plongé ensemble. Alors, histoire de ne pas trop se compliquer la tâche, et surtout pour vous laisser la découverte de cette œuvre unique en son genre on va laisser le Bazar dans l’état dans lequel on l’a découvert et juste vous dire qu’on trouve de tout à l’Electric Bazar Cie : du rock bien sur, et de l’estampillé pur rock n’roll from the earlies. Un peu comme leurs compatriotes de Sinner Sinners (dans une optique moins « punk », l’Electric Bazar revient aux sources de la musique qui sent le soufre, énergie Raw Power, surf music Dick Dale, Sax Free très Fun House, ou Sax free façon « les Ethiopiques » suivant les morceaux, du Dutronc et du Sanseverino, du manouche et du surf moyen oriental, par touches. Comme des Negresses Vertes rockabilly en virée, planche sous le bras, au pays de Goran Bregovic, cuivres, contrebasse et accordéons font bon ménages, et c’est à un combat sans fin qu’ils se livrent pour prendre le dessus sur les guitares, clarinettes, cordes, mandoline et, évidemment batterie. Le chant d’Etienne Grass, gouailleur comme un Elno, fait merveille au dessus de ce magma en fusion, alternant cris de colère, confidences inquiétantes à mi-voix et parenthèses plus intimistes.
Avec tout çà il y aurait de quoi rester un peu dubitatif sur le thème, « houla mais c’est un beau bordel tout çà , comment çà peut tenir debout ? ». Question légitime, certes, mais balayée d’un revers de main dédaigneux qui consistera à rappeler qu’avec plus de 700 concerts à son actif et 10 ans d’existence, le groupe a su créer une alchimie et une cohésion imparable. Du coup, loin du catalogue de référence sagement recrachée, la musique d’Electric Bazar en devient un genre à elle toute seule. Imédiatement identifiable, extrêmement variée et pourtant immédiatement identifiable, portant spleen et révolte, colère et humeur festive contagieuse sans être bêtement « happy » . Alors… world music ? jazz ? ethno-je-ne-sais-quoi ? non, non, non, rock n’roll simplement, mais du meilleur cru, de celui qui sait d’où il vient sans se fermer, pourtant, aucune porte. Du rock n’roll en rut, prêt à sauter sur toute musique aguichante qui passera à sa portée.
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