Crippled Black Phoenix - I, Vigilante (2010)
Ouais, autant être honnête, on hésite à l’employer ce terme. Trop lourd de sous entendu, de sourires moqueurs en coin, de licornes, d’échiquier, de magiciens et d’arlequins sur fond d’arc en ciel ; trop caricaturé, trop moqué, trop haï. Bref a-t-on, ou pas, le droit de parler de rock progressif en 2010 ce que cela fasse fuir immédiatement les tenants du bon goût et les faiseurs de tendance ? bah…si on en a ou pas le droit ou pas, finalement on n’en a pas grand-chose à branler, que çà leur plaise ou non, çà ne nous regarde pas plus que çà, ce qui compte c’est ce nouvel album des prolifiques Crippled Black Phoenix.
Est-ce une honte que de faire penser à un flamand rose plombé dès le premier titre, lourd mais aérien, marque de fabrique sans cesse renouvelée et régénérée par le collectif à géométrie variable. Lourd et aérien me direz vous … comme un…. Porcupine Tree ? Au hasard, oui un peu comme un Porcupine Tree en effet, mais un Porcupine qui aurait troqué ses penchants pop-métalliques pour des divagations plus post-rock. (Particulièrement évident sur les titres suivants). Tout cela n’est certes pas sans rappeler leur 200 Tons Of Bad Luck, mais, à la différence de cet opus qui péchait peut être un peu par sa longueur, l’obligeant à partir un peu dans tous les sens, ce I Vigilante avec ses 5 (vrais) titres reste passionnant du début à la fin. Ce ne sont pas les presque 11 minutes de We forgotten who we are et sa rythmique hypnotique au piano berçant une folle cavalcade de grattes. Piano qui vient assurer discrètement la liaison avec Fantastic Justice (très belle mélodie vocale sur guitares épleurées).
On a pu lire, ici ou là, que les 4 premiers titres de l’album méritaient d’être écoutés et, à ce titre, d’être qualifiés de chef d’œuvre et que le reste (les 2 derniers donc, tout juste bons pour la poubelle). Quelle grave erreur de jugement, la reprise de Journey, pour boursouflée que l’on puisse la considérer et déplacée dans son style prog heavy metal 80s par rapport à la perfection mélodique du début de l’album, cette reprise donc ne dépareille certainement pas dans la mesure où elle illustre, si besoin était, le tour de force de tout cet album, à savoir faire longuement décoller un titre, le faire durer puis, au choix, atterrir ou exploser en vol, sans que l’exercice ne soit un seul instant ennuyeux. Là où bien souvent le post rock nous offre de longues montées stériles CBP se montre particulièrement fécond et ne serait ce que pour cela, il s’avère être un groupe particulièrement inclassable, si ce n’est dans la catégorie, groupe doué mais sans démonstration gratuite et finalement ils sont bien peu dans ce bac.
Evidemment le 6ième titre fait un peu figure de blague, mais après tout c’est souvent le cas des hidden track. Si vous ne gouttez que très peu la BO joyeuse et un peu con-con, rien ne vous empêche de couper l’album juste avant, vous conserverez ainsi une impression de puissance sereine et aventureuse fort bien rendue sans pour autant vous polluer l’écoute par quelque chœurs très flower power (rassurez vous çà ne dure quand même pas plus de 2 :30).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire