Nesles – Krank (2009)
Avant même de glisser l'album dans la platine on est pris d'une terrible appréhension: un concept album, c'est bien cela? Aie...en Français en plus ? Le pire est à prévoir. "Que reste-t-il quand on ne croit plus en Dieu ?" ainsi se clôt l'intro plongeant encore un peu plus l'auditeur dans un abime de perplexité. Mais qui est cet homme? Une nouvelle incarnation de Manset ? D' Higelin ? Ou plus surement encore de William Sheller ? Aucune chance, aux dernières nouvelles ces 3 là sont encore parmi nous. Pourtant dès le second titre on ne peut s'empêcher de penser a eux. Du coup avec pareils parrains la confiance s'installe peu a peu et on accroche petit a petit à l'histoire qui nous est ici racontée et que je me garderai bien de vous résumer pour vous laisser le plaisir de la surprise et de la découverte.
On y accroche d'autant plus qu'avec ses ambiances a chaque fois différentes et toujours magnifiquement plantées la bande son accompagnant l'histoire est un modèle du genre, loin de resucées gainsbourgiennes auxquelles on a souvent droit avec de tels projets. Sur des rythmiques souvent electros viennent se poser cuivres et cordes comme sur le superbe Insomniaque (Ou comment combattre les psychopompes) et force autres sons plus ou moins authentifiés qui ne cessent de maintenir l'oreille en alerte.
D'un point de vue purement musical la prise de risque est indéniable et constante tout au long de l'album au risque de dérouter l'auditeur pas encore familier avec l'album (Coeur vaillant) et même après plusieurs écoutes on se surprend parfois a "supporter' certains passages assez...originaux pour arriver, enfin, au suivant plus immédiatement accrocheur.
Avec ses guitares mélancoliques évoquant un soyeux croisement entre madrugada et radiohead Sous le cortex et son final tout en cuivre se révèle être sans doute le chef d œuvre de cet album au coté de quelques ovnis déstabilisants comme Funis ambulare ou la "reprise" très réussie a la première gnosienne de Satie sur Nocturne au jardin.
Il faut bien plus d'une écoute pour bien comprendre l'histoire de Krank, en voir toutes les subtilités, ceux qui s'en donneront la peine feront parti des happy fews qui savent qu'il existe aujourd'hui encore des compositeurs et des poètes au sens noble du terme, Nesles en fait indiscutablement parti. On ne pourra néanmoins pas jeter la pierre a ceux qui, déroutés par la longueur du disque, ses changements incessants, ses mélodies pas toujours immédiates et le cote pompier de ce type de projet, a ceux, donc, qui auront quitté Krank en cours de route en se jurant que jamais plus on ne les y reprendrait.
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