Various - Angola Soundtrack - Special sounds from Luanda 1965-1978 (ANALOG AFRICA) (2010)
Il faudra un jour que je me penche plus avant sur 2 sujets qui, de façon totalement improbable vont ensemble. Le premier est de savoir qui peut bien se cacher derrière les chercheurs d’or musical que sont les gens du label Analog Africa, tant chacune de leurs livraisons est à la fois une surprise totale et une réussite imparable. A chacune de leurs livraisons aussi, et c’est là la seconde question sur laquelle il faut que je me plonge réellement, mon mystérieux visiteur gabonais refait une apparition sur le site, restant, jusqu’à présent, la seule visite africaine dont je puisse m’honorer, sans m’en offusquer pour autant tant le contenu du blog est généralement assez éloigné du continent noir. Quoiqu’il en soit, et sachant que je ne répondrais à aucune de ces 2 questions pour le moment, jettons nous à corps perdu dans l’écoute du nouveau volume angolais de l’aventure Analog Africa.
Allez savoir pourquoi, les premières secondes du CD m’évoquent à chaque fois le générique de South Park, mais, amateurs d’exotismes, rassurez vous, c’est très furtif. Amateurs de musique africaine par contre, vous risquez d’être quelque peu surpris par les secondes qui suivront ce que je viens d’évoquer car, plus qu’aux baobabs et aux chemins de terre rouge, qu’à la jungle ou à la savane, c’est immanquablement aux plages du Brésil que la musique vous fera penser. Pourquoi ? peut être tout simplement parce que l’Angola, comme le Mozambique pour ceux qui souhaitent se faire une culture générale via ce com, est une ancienne colonie portugaise et, de fait, c’est la langue qui berce tout ce disque aussi tranquille qu’il est rythmé. Invitation à paresser sur les rives du fleuve Kwanza (Ferreira Do Nascimento (Macongo Me Chiquita )) ou a se dandiner nonchalamment (Zé Da Lua (Ulungu Wami)), quoiqu’il en soit, cette nouvelle livraison du précieux label Analog Africa est le moyen idéal d’oublier, temporairement, que l’Angola est un pays qui a connu une guerre civile effroyable aussi bien dans sa durée que dans le nombre de ses victimes. Difficile à croire à l’écoute de ces pépites réparties entre 65 et 78, alors que les pétroliers ne faisaient que commencer leur beau travail de pillage des richesses du pays.
Le surf presque psychédélique de Jovens Do Prenda (Ilha Virgem), le latinesque N´Goma Jazz (Mi Cantando Para Ti), l’afrobeat lent de Quim Manuel O Espirito Santo (Eme Lelu), une nouvelle fois on est enchanté par l’éclectisme de cette scène que l’on (re ?)découvre par le biais de ce travail d’archéologue auquel s’est prêté Samy Ben Redjeb. Éclectique oui, mais pas bordélique, ce qui n’est pas un mince exploit, car c’est finalement Mama Africa qui porte toute la cohésion de ce projet, aucune surenchère dans les moyens déployés pour mettre en valeur les mélodies (par manque de moyen ? peut être un peu mais surtout, à n’en pas doute par humilité des musiciens angolais devant leur art), efficacité sans démonstration gratuite, patient labeur des interprètes, tout respire le rythme tranquille et souvent résigné de l’Afrique.
Après cela si certains osent encore parler de musique africaine vous n’aurez aucun mal à leur démontrer qu’il serait aussi stupide de parler de musique européenne et de mettre dans un même panier Ramsteinn et … euh…. Radio Tarifa, au hasard. Une nouvelle fois Analog Africa nous offre un double voyage : un voyage dans le temps, et un voyage vers l’Afrique, intemporelle par définition, adressant, par la même occasion, un clin d’oeil appuyé à l’homme qui osa un jour déclarer que « l’homme africain n’était pas entré dans l’histoire ». Dans celle de la musique, en tous cas, il y est depuis toujours !
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